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Arrestation à Misinga : 15 mineurs otages des wazalendo au Nord-Kivu

Une nouvelle secousse traverse le territoire de Walikale, dans la province troublée du Nord-Kivu. Quinze habitants du village de Misinga, localité Iremya dans le groupement Ikobo, sont retenus contre leur gré depuis le mardi 16 décembre. Leur crime présumé ? Avoir exercé une activité pourtant commune dans la région : l’exploitation artisanale de l’or.

Selon des sources concordantes, les individus ont été interpellés sur le site aurifère de Mumba, non loin de Misinga, alors qu’ils étaient en pleine activité d’extraction. Leur arrestation a été menée par des membres des wazalendo, plus précisément du groupe CMC/Bigabo. L’accusation portée contre eux est lourde de conséquences dans le contexte actuel du conflit à Walikale : complicité avec les rebelles de l’AFC/M23.

Le raisonnement des maîtres d’oeuvre de cette arrestation est simple et implacable. Pour ces wazalendo, le fait d’extraire de l’or et de le revendre, directement ou indirectement, aux éléments de la rébellion constitue un soutien matériel à leur survie. Cette logique assimile tout mineur artisan opérant dans des zones d’influence ou de conflit à un auxiliaire de la rébellion. Une équation qui place des civils en première ligne d’un conflit qui les dépasse.

L’information, d’une gravité certaine, ne provient pas de rumeurs. Elle a été formellement confirmée par les autorités coutumières du groupement Ikobo. Ces dernières, souvent en première ligne pour gérer les crises locales, ont vu leur version corroborée par l’administration officielle du secteur des Wanianga. Cette double validation administrative et coutumière donne un poids considérable à l’affaire et atteste de sa réalité sur le terrain.

Où se trouvent désormais ces quinze otages ? Nos sources indiquent qu’ils sont actuellement gardés par leurs geôliers sur l’axe Munsanga. Ce lieu de détention se situe dans le groupement voisin de Kisimba, éloignant un peu plus les détenus de leurs familles et de leur communauté d’origine. Leur condition de détention, leur état de santé et les éventuelles pressions subies restent, à ce stade, inconnus. L’incertitude et l’angoisse règnent parmi leurs proches.

Cette arrestation de masse à Misinga pose plusieurs questions cruciales. Où s’arrête l’activité économique de survie et où commence la collaboration avec des groupes armés ? Dans une région où l’exploitation minière artisanale est souvent la seule source de revenus pour des milliers de familles, cette ligne est terriblement floue. Les wazalendo, milices d’autodéfense locales, agissent-ils sur la base de renseignements précis ou cèdent-ils à une paranoïa compréhensible mais dangereuse pour les civils ?

L’épisode illustre une fois de plus la porosité entre économie de survie et financement des conflits dans l’Est de la République Démocratique du Congo. L’or, ressource maudite et bénie à la fois, reste au coeur des tensions. Son extraction, même artisanale, est immédiatement suspecte. Cette situation place les populations dans une double vulnérabilité : celle de la violence des groupes armés et celle des représailles des milices censées les protéger.

Les autorités provinciales et nationales sont-elles informées de cette prise d’otages ? Quelles mesures comptent-elles prendre pour vérifier les accusations et, le cas échéant, garantir le respect des droits de ces quinze personnes ? L’administration du territoire, qui a confirmé les faits, a-t-elle engagé des pourparlers pour leur libération ou, à tout le moins, pour un transfert vers une détention régulière ? Le silence des instances supérieures nourrit le sentiment d’abandon des communautés rurales.

L’affaire des otages de Misinga risque de n’être qu’un épisode de plus dans la longue litanie des violences au Nord-Kivu. Pourtant, elle condense tous les maux de la région : exploitation des ressources, implication des civils dans les conflits, justice expéditive rendue par des acteurs armés non étatiques, et fragilité extrême du tissu social. Elle démontre comment le conflit entre l’AFC/M23 et les forces gouvernementales, avec l’implication des wazalendo, se décline en drames humains concrets dans les villages les plus reculés.

La communauté internationale, souvent focalisée sur les grandes villes et les fronts militaires, prend-elle la mesure de ces tragédies locales ? L’aide humanitaire et les efforts de paix peuvent-ils atteindre des endroits comme l’axe Munsanga où des civils sont détenus sans procès ? L’urgence est désormais d’établir les faits avec précision, de localiser les détenus et d’exiger un traitement conforme au droit, même en temps de conflit. Le sort de ces quinze habitants de Misinga est un test pour le respect des droits humains dans une province en crise permanente.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

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