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Kasaï 2 : La reprise des cours masque-t-elle une crise durable des salaires enseignants ?

Le chemin de l’école a enfin repris son animation dans les territoires de Mweka, Ilebo et Dekese. Après un mois de silence forcé dans les salles de classe, les élèves de la province éducationnelle Kasaï 2 ont pu retrouver leurs enseignants ce mardi 16 décembre. Cette reprise des cours, aussi attendue soit-elle, intervient sur les cendres encore chaudes d’un mouvement social qui a paralysé tout un secteur. Comment un système éducatif peut-il fonctionner lorsque ceux qui en sont les piliers doivent cesser le travail pour être simplement payés ? La question, lancinante, reste posée malgré le retour à la normale apparente.

La grève des enseignants, initiée le 19 novembre dernier, n’était pas un coup de tête. Elle était le point culminant d’une frustration profonde née du non-paiement des salaires des mois de septembre, octobre et novembre. Pendant un mois, les écoles publiques de ces trois territoires sont restées désertes, laissant des milliers d’élèves en suspens. Cette interruption, lourde de conséquences, n’a pris fin qu’à une condition : le versement des arriérés dus. Le soulagement est palpable, mais il est tempéré par l’amertume d’avoir dû en arriver là.

« La reprise est effective car les enseignants ont reçu leur enveloppe salariale pour trois mois. Ils peuvent reprendre leur souffle », confirme Félicien Lobo Muamba, président de la section Kasaï de la FENECO (Fédération nationale des enseignants du Congo). Son témoignage est crucial : il valide la fin du conflit mais pointe aussi du doigt la racine du mal. Son appel aux autorités est sans ambiguïté : il faut assurer un paiement régulier des salaires enseignants pour éviter que le calendrier scolaire ne soit, à l’avenir, de nouveau pris en otage par des tensions sociales.

Cette séquence dans le Kasaï 2 est malheureusement le reflet d’un problème plus large qui mine l’éducation RDC. Les perturbations dues aux retards de salaire ne sont pas des incidents isolés. Elles créent un climat d’instabilité permanent qui affecte en premier lieu la qualité des apprentissages. Quand un enseignant est préoccupé par sa survie quotidienne et celle de sa famille, comment peut-il se concentrer pleinement sur sa mission pédagogique ? La question mérite d’être posée, car elle touche à l’essence même du métier.

Pour rattraper le temps perdu, il a été décidé que les jours de cours manqués seraient récupérés pendant les vacances de Noël et de Pâques. Une solution pragmatique, certes, mais qui pose d’autres questions. Ne risque-t-elle pas de brûler les étapes nécessaires à une assimilation sereine des connaissances ? Les élèves et les enseignants devront faire face à une cadence accrue, dans un contexte déjà fragilisé. La récupération est un pansement sur une jambe de bois si la cause structurelle n’est pas traitée.

Au-delà du cas du Kasaï 2, c’est tout le modèle de financement et de gestion de la masse salariale du secteur public de l’éducation en République Démocratique du Congo qui doit être interrogé. Les grèves localisées sont souvent les symptômes d’une maladie nationale. La régularité du versement des salaires n’est pas une faveur, c’est un droit fondamental et une condition sine qua non pour la stabilité de tout le système. Sans elle, les meilleures réformes pédagogiques sont vouées à l’échec.

La reprise des cours dans le Kasaï 2 est donc une bonne nouvelle à court terme. Elle permet de sauver l’année scolaire en cours et de redonner un peu d’oxygène aux familles. Cependant, elle ne doit pas faire oublier l’urgence d’une réflexion plus profonde. Garantir la dignité et la sécurité financière des enseignants, c’est investir directement dans l’avenir de millions d’enfants congolais. Les autorités ont-elles vraiment pris la mesure de cet enjeu ? L’histoire récente laisse planer le doute. Pour que l’éducation RDC puisse jouer pleinement son rôle d’ascenseur social et de moteur de développement, elle doit reposer sur des bases solides, à commencer par le respect des engagements envers ses premiers acteurs : les enseignants.

Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net

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Yvan Ilunga
Yvan Ilunga
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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