Kinshasa, le 18 décembre 2025 – Dans un geste concret destiné à apaiser les tensions autour des grands chantiers urbains, soixante-cinq personnes affectées par le projet structurant des Rocades ont officiellement perçu leur indemnisation, mercredi 17 décembre. Cette opération, troisième du genre, matérialise l’engagement de l’État à concilier impératifs de développement et justice sociale pour les populations impactées.
Le bureau de la Commission interministérielle d’indemnisation, sous l’égide de son coordonnateur Georges Koshi Gimeya, a servi de cadre à cette transaction cruciale. Chaque requérant a dû présenter son titre de propriété original, échangé contre un ordre de paiement exécutoire, suivant un protocole strict visant à garantir traçabilité et légalité. La signature d’un procès-verbal conjoint a scellé chaque transaction, actant la fin des négociations pour ces dossiers.
Cette indemnisation Rocades Kinshasa ne se limite pas aux cas de destructions totales. Pour les propriétaires dont les terrains ou constructions ne sont que partiellement impactés par les travaux, le coordonnateur de la commission mixte a apporté une précision de taille. « L’État congolais s’engage à octroyer de nouveaux titres de propriété aux personnes concernées par une indemnisation partielle », a assuré Georges Koshi Gimeya. Une annonce qui constitue un filet de sécurité juridique essentiel, rassurant des centaines de foyers confrontés à une situation inédite.
Mais où en est-on réellement dans ce vaste chantier de réparation ? Depuis le lancement du processus, un peu plus de trois cents personnes impactées ont déjà été dédommagées par le gouvernement. Un chiffre qui, mis en perspective, révèle l’ampleur de la tâche. Lors de la seule deuxième phase, environ 200 dossiers avaient été clôturés sur un total recensé de 3 442. La progression, bien que constante, souligne le défi administratif et logistique que représente la compensation des propriétaires à Kinshasa pour un projet de cette envergure.
Cet effort financier et organisationnel s’inscrit dans l’ombre portée du projet des routes Rocades, un mastodonte infrastructurel de plus de 70 kilomètres. Comment un tel projet est-il financé et exécuté ? Il bénéficie du cadre du programme sino-congolais, un partenariat stratégique, et est mis en œuvre sur le terrain par les géants chinois CREC 4 et CREC 8. La supervision et la coordination locale incombent à l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT), placée au cœur de l’interface entre ambitions nationales, opérateurs étrangers et réalités citoyennes.
L’enjeu économique est colossal. D’un côté, les Rocades promettent de désengorger la capitale, d’améliorer la fluidité du transport des marchandises et, in fine, de doper la productivité économique. De l’autre, le processus d’indemnisation représente un investissement social immédiat et une condition sine qua non de paix sociale. La réussite du programme sino-congolais ne se mesure pas seulement aux kilomètres de bitume posés, mais aussi à sa capacité à intégrer et à réparer les externalités négatives sur les communautés riveraines.
La méthode employée, faisant intervenir une commission interministérielle, cherche à institutionnaliser et à pérenniser un modèle pour les futurs ACGT grands travaux. Elle pose les bases d’une gestion plus prévisible et moins conflictuelle des acquisitions foncières nécessaires au développement. La transparence affichée dans les transactions, avec remise physique des titres, vise à restaurer une confiance souvent érodée entre l’administration et les administrés.
À moyen terme, la question qui se pose est celle de l’effet d’entraînement. Cette indemnisation Rocades Kinshasa réussie servira-t-elle de modèle pour les autres mégaprojets en gestation dans le pays ? L’efficacité et l’équité démontrées ici pourraient transformer une contrainte administrative en un véritable levier de légitimité pour l’action publique. La clôture progressive des 3 442 dossiers sera un indicateur clé à surveiller. Pour l’heure, pour soixante-cinq familles kinoises, une page incertaine se tourne, permettant au projet de poursuivre sa route, sur des fondations sociales un peu plus solides.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
