Le chiffre résonne comme un glas dans les couloirs des organisations humanitaires : 22%. À peine plus d’un cinquième des 2,54 milliards de dollars nécessaires pour le plan de réponse humanitaire 2025 en République démocratique du Congo a été trouvé. Alors que les besoins explosent dans l’Est du pays, ce gouffre financier condamne des millions de personnes à la faim, à l’errance et à la peur. Comment une crise d’une telle ampleur peut-elle être laissée pour compte par la communauté internationale ?
Devant le Conseil de sécurité de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a dressé un tableau apocalyptique. La poursuite des hostilités et les vagues de déplacements ont porté le nombre de déplacés internes à environ 5,35 millions. Un chiffre qui masque une réalité encore plus brutale : depuis janvier seulement, près de 2,7 millions de personnes ont dû tout quitter, fuyant les violences. Parallèlement, plus de 24 millions de Congolais et Congolaises sont confrontés à une grave insécurité alimentaire, une statistique qui illustre l’effondrement des systèmes de subsistance et l’impossibilité d’accéder aux champs ou aux marchés.
« Les conséquences de ces déficits de financement sont dévastatrices », a martelé Lacroix. L’aveu est sans appel. Le financement de l’aide humanitaire au Congo est en panne. Les organisations sur le terrain, déjà confrontées à la fermeture des aéroports de Goma et Kavumu et à la réduction de l’accès aux populations, sont paralysées. Comment répondre aux besoins vitaux – nourriture, eau, soins, abris – avec des caisses vides ? Cette crise du financement aide humanitaire Congo n’est pas une simple ligne budgétaire ; elle se traduit par des enfants qui ne mangent pas à leur faim, des familles dormant à la belle étoile, et des maladies qui se propagent dans des sites de déplacés surpeuplés.
Dans ce contexte de polycrise inédite – combinant violence étendue, autorités de facto dans les Kivus et effondrement des fonds –, la MONUSCO tente de maintenir le cap. La mission onusienne a intensifié les patrouilles conjointes avec les FARDC et la police autour des sites vulnérables de personnes déplacées. Mais peut-elle pallier l’immense vide laissé par un plan réponse humanitaire RDC 2025 en quasi-faillite ? La protection des civils passe aussi par l’accès à l’eau potable et aux soins de santé primaire, des secteurs directement impactés par le manque de moyens.
Le plan, lancé en février, visait pourtant à apporter une aide vitale à 11 millions de personnes, dont 7,8 millions de déplacés internes Est Congo. Ces chiffres, parmi les plus élevés au monde, témoignent de l’urgence. L’annonce, fin octobre à Paris, d’une aide internationale de plus de 1,5 milliard d’euros et de couloirs sécurisés avait fait souffler un vent d’espoir. Mais entre les promesses et les versements effectifs, le fossé reste béant. Où est passée la solidarité internationale face à cette MONUSCO crise humanitaire d’une complexité extrême ?
La situation dépasse désormais la simple gestion d’urgence. Elle pose une question fondamentale sur notre capacité collective à prévenir les catastrophes humaines. L’insécurité alimentaire RDC massive n’est pas une fatalité ; elle est le produit direct des conflits et du sous-investissement chronique dans les solutions durables. Alors que des familles sont déchirées et que toute une région sombre, le compte à rebours est enclenché. Chaque jour de retard dans le financement se paie en vies humaines. La communauté internationale parviendra-t-elle à se réveiller à temps, ou assistera-t-elle, impuissante, à l’aggravation d’une tragédie annoncée ? L’heure n’est plus aux déclarations d’intention, mais à l’action concrète. Le peuple congolais, résilient mais épuisé, ne peut plus attendre.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
