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Marche pacifique interdite à Kinshasa : Kabund agressé avant la mobilisation pour l’Est

La décision des autorités kinoises d’interdire la marche pacifique prévue le 15 décembre par la coalition de la gauche congolaise jette une lumière crue sur les tensions politiques qui traversent la République Démocratique du Congo. Le gouverneur de ville de Kinshasa, invoquant un arrêté de 2021, a opposé un refus catégorique à cette mobilisation citoyenne, arguant que l’itinéraire choisi se situe dans une zone interdite aux manifestations. Cette justification administrative, aussi technique soit-elle, ne parvient pas à masquer les enjeux politiques sous-jacents d’une manifestation visant à dénoncer l’insécurité persistante dans l’est du pays.

Le contexte sécuritaire dans les provinces de l’Est, minées par les activités de groupes armés et les violences communautaires, constitue le cœur des préoccupations de la coalition de la gauche congolaise. Comment, en effet, ne pas s’interroger sur l’efficacité des mesures prises pour protéger les populations civiles dans ces régions ? La marche pacifique du 15 décembre se voulait justement une expression citoyenne pour « exiger la fin des tueries et des souffrances infligées à nos compatriotes dans l’Est », selon les propres termes de ses organisateurs. L’interdiction de cette initiative soulève des questions légitimes sur l’espace accordé au débat démocratique et à l’expression des préoccupations nationales.

L’agression dont a été victime Jean-Marc Kabund, président de l’Alliance pour le changement, samedi dernier au quartier Camp Luka, ajoute une dimension troublante à ce dossier. L’opposant politique, cible d’une attaque par des individus armés de couteaux alors qu’il préparait un meeting de mobilisation, a été blessé à la tête. Cet incident violent, survenu dans la commune de Ngaliema, dépasse-t-il le simple fait de droit commun pour relever d’une tentative d’intimidation politique ? La question mérite d’être posée, d’autant que l’agression de Jean-Marc Kabund intervient à un moment particulièrement sensible, à la veille d’une manifestation dont il était l’un des principaux promoteurs.

Sur la plateforme X, l’ancien député national n’a pas mâché ses mots, dénonçant un acte qui « prouve que la tyrannie a atteint son paroxysme au pays ». Cette déclaration, aussi tranchée soit-elle, reflète le climat de défiance qui s’est installé entre une partie de l’opposition et les autorités en place. La gestion des libertés publiques, notamment le droit de manifester pacifiquement, devient ainsi un véritable champ de bataille politique où chaque décision est scrutée à la loupe. L’argument sécuritaire invoqué par l’hôtel de ville pour justifier l’interdiction de la marche pacifique RDC est-il proportionné aux risques réels, ou sert-il davantage des considérations d’ordre politique ?

L’arrêté du 30 septembre 2021, brandi comme fondement juridique à cette interdiction, établit des zones où les manifestations publiques sont proscrites dans la capitale. Cette réglementation, adoptée dans un contexte sécuritaire particulier, soulève néanmoins des interrogations sur son application systématique. Toutes les marches pacifiques sont-elles traitées de la même manière, ou certaines bénéficient-elles de plus de clémence que d’autres ? La réponse à cette question en dit long sur l’équité du traitement réservé aux différents acteurs politiques dans l’espace public kinois.

La coalition de la gauche congolaise se trouve ainsi confrontée à un dilemme stratégique majeur. Doit-elle maintenir sa mobilisation malgré l’interdiction officielle, au risque d’une confrontation avec les forces de l’ordre, ou reporter son action à une date ultérieure ? La sécurité de ses militants et sympathisants pèse lourd dans la balance, surtout après l’agression subie par son leader emblématique. Cette situation met en lumière les défis auxquels est confrontée l’opposition congolaise dans sa tentative de mobiliser l’opinion publique sur des questions aussi cruciales que la sécurité dans l’est de la RDC.

Au-delà de l’épisode spécifique de cette marche interdite, c’est la question du dialogue national inclusif qui refait surface avec insistance. Les organisateurs de la manifestation y voient précisément une solution aux crises sécuritaires qui secouent le pays. Le refus des autorités de laisser s’exprimer cette revendication dans l’espace public interroge sur leur volonté réelle d’ouvrir un tel processus. La gestion de cette crise locale à Kinshasa pourrait bien avoir des répercussions sur la crédibilité des appels au dialogue à l’échelle nationale.

Les prochains jours seront décisifs pour mesurer la capacité de la coalition de la gauche congolaise à adapter sa stratégie face à ces obstacles multiples. L’agression de Jean-Marc Kabund et l’interdiction de la marche créent un contexte particulièrement défavorable à l’expression pacifique des préoccupations citoyennes. Pourtant, la question de la sécurité dans l’Est du pays demeure plus actuelle que jamais, et continuera inévitablement d’alimenter le débat public. La manière dont les différents acteurs politiques géreront cette tension entre ordre public et libertés démocratiques dessinera certainement les contours des prochaines batailles politiques en République Démocratique du Congo.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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