Les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont intensifié leur campagne aérienne contre le mouvement rebelle AFC/M23 dans le Nord-Kivu. Ce dimanche 14 décembre, en soirée, des frappes aériennes ciblées ont visé les positions de l’AFC M23 à Burora, chef-lieu du groupement Banyungu, dans le territoire de Masisi. L’opération, confirmée par plusieurs sources sécuritaires locales, marque une escalade significative dans la réponse militaire gouvernementale face à l’avancée des rebelles.
Selon des informations exclusives obtenues par Congo Quotidien, un drone de l’armée congolaise a survolé l’espace aérien de cette entité avant de lâcher sa charge sur le camp rebelle. Ce camp, établi de force par l’AFC/M23 depuis la semaine dernière, a été entièrement détruit sous l’effet du bombardement. L’utilisation d’un drone armé pour cette frappe précise souligne une évolution tactique des FARDC dans ce conflit qui perdure. Le bombardement drone de l’armée congolaise représente-t-il un tournant décisif dans la lutte pour le contrôle du Masisi ?
Cet événement ne constitue pas un cas isolé. Depuis près de quinze jours, les positions des rebelles de l’AFC/M23 en territoire de Masisi sont systématiquement la cible de frappes aériennes des FARDC. La localité de Burora vient ainsi s’ajouter à une liste croissante de zones touchées, dont Nyabiondo, Masisi centre, Bukombo et Katale. Cette série d’opérations aériennes vise manifestement à disloquer les lignes logistiques et les points de rassemblement de la rébellion. La stratégie consiste en un harcèlement continu pour empêcher toute consolidation territoriale.
Pourtant, malgré l’intensité de ces frappes aériennes FARDC, une question cruciale persiste. L’AFC/M23 continue d’occuper militairement la plupart des zones bombardées. La destruction d’infrastructures et de camps semble, pour l’instant, ne pas avoir entamé la capacité de la rébellion à maintenir son emprise sur le terrain. Cette résilience interroge sur l’efficacité réelle des bombardements lorsqu’ils ne sont pas immédiatement suivis par une reprise physique du terrain par les troupes au sol. Le conflit Masisi risque-t-il de s’enliser dans une guerre d’attrition où les frappes aériennes ne suffisent pas à inverser le rapport de force ?
La situation à Burora, comme dans l’ensemble du Nord-Kivu, reste extrêmement volatile. Les populations civiles, prises entre les feux des belligérants, paient un lourd tribut. Les frappes, bien que ciblant des positions militaires, s’accompagnent souvent de déplacements massifs d’habitants craignant les représailles ou les combats rapprochés. La communauté humanitaire suit la situation avec une inquiétude croissante, soulignant l’urgence d’un accès sécurisé pour porter assistance aux déplacés.
L’opération sur Burora illustre la détermination affichée par Kinshasa à utiliser tous les moyens aériens à sa disposition pour contrer l’AFC M23. Elle démontre également la capacité des FARDC à mener des renseignements précis pour identifier et frapper des objectifs spécifiques. Cependant, la persistance de l’occupation rebelle pose le défi de la traduction de cette puissance de feu en gain territorial tangible. Les rebelles Nord-Kivu ont, à plusieurs reprises, démontré une faculté d’adaptation et de mobilité qui complique les efforts des forces gouvernementales.
Les prochaines heures et jours seront décisifs pour évaluer l’impact stratégique de ce bombardement. Les observateurs militaires attendent de voir si les FARDC profiteront de l’affaiblissement momentané des rebelles à Burora pour lancer une offensive terrestre. La coordination entre les actions aériennes et les mouvements des troupes au sol reste un impératif pour toute avancée significative. La réponse des rebelles de l’AFC M23 Burora est également attendue, alors que le groupe pourrait chercher à se réorganiser ou à contre-attaquer sur d’autres fronts.
Alors que la région du Masisi reste un épicentre du conflit, la communauté internationale continue de suivre de près ces développements. Les appels à la cessation des hostilités et à un dialogue politique inclusif se multiplient, mais peinent à trouver un écho sur le terrain où la logique militaire prévaut. La récurrence des frappes aériennes et l’occupation rebelle persistante dessinent les contours d’une crise sécuritaire complexe, où la solution militaire seule semble insuffisante pour ramener une paix durable dans le Nord-Kivu.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
