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Kananga : arrestation de militants de l’Alliance pour le changement

La scène se déroule à Kananga, au cœur du Kasaï-Central, où la marche pacifique organisée ce lundi 15 décembre 2025 a viré à la confrontation avec les forces de l’ordre. Cinq militants de l’Alliance pour le changement, le parti de l’opposant de fer Jean-Marc Kabund, ont été interpellés par la Police nationale alors qu’ils brandissaient, comme seul étendard, une exigence de dialogue inclusif. Cet épisode, loin d’être anodin, pose une question fondamentale : jusqu’où un régime peut-il aller pour museler les voix qui appellent à la concorde nationale tout en prétendant la rechercher ? L’ironie de la situation n’échappera à personne observant la scène politique congolaise.

L’Alliance pour le changement en RDC, par la voix de son secrétaire fédéral chargé de l’organisation, a immédiatement dénoncé une arrestation arbitraire et exigé la libération sans condition de ses membres. « Nous étions dans la rue pour réclamer un dialogue inclusif. Vous savez vous-mêmes que nos frères de l’Est, comme sur l’ensemble du territoire national, souffrent », a-t-il déclaré à Radio Okapi, pointant du doigt l’urgence d’une conversation nationale que le pouvoir semble, par cet acte, vouloir indéfiniment reporter. La manifestation, pourtant légale dans son principe, a été traitée comme une menace à l’ordre public, révélant une sensibilité particulière du régime face à toute mobilisation structurée de l’opposition.

Parmi les personnes interpellées figure un conseiller national du parti, détail qui n’est pas sans signification. En ciblant un cadre, les autorités envoient un message clair à l’ensemble de la mouvance Jean-Marc Kabund parti politique : l’espace de contestation pacifique se réduit comme peau de chagrin. Le secrétaire fédéral a martelé : « C’est un droit ». Un droit fondamental, en effet, que celui de manifester et de demander des comptes à ses dirigeants. La répression d’une telle initiative, surtout sous le prétexte fallacieux du maintien de l’ordre, fait peser une lourde hypothèque sur la santé démocratique du pays. Le régime joue-t-il avec le feu en étouffant les soupapes de sécurité que constituent les expressions citoyennes organisées ?

La demande centrale des manifestants – l’ouverture d’un dialogue inclusif au Congo – résonne comme un leitmotiv dans le paysage politique congolais, souvent brandi mais rarement concrétisé. Jean-Marc Kabund, figure montante de l’opposition, revendique, selon son parti, « un droit fondamental permettant aux Congolais de vivre en paix ». L’arrestation de ses partisans à Kananga semble indiquer que la route vers ce dialogue sera semée d’embûches, voire de barrages policiers. Cette stratégie de la tension, choisie par les autorités, risque à moyen terme de délégitimer toute velléité de conversation nationale, laissant le champ libre à une radicalisation des positions.

Analysons les implications profondes de cet incident local aux répercussions nationales. Le Kasaï-Central, région historiquement sensible, devient le théâtre d’une répression politique qui pourrait enflammer d’autres foyers de mécontentement. En empêchant une marche pacifique, le pouvoir ne fait-il pas précisément le jeu de ceux qui prônent des méthodes moins conciliantes ? La gestion de cet événement par la Police nationale interroge sur les instructions reçues depuis Kinshasa. S’agit-il d’une dérive locale ou d’une ligne directrice visant à contenir l’influence de Kabund et de son alliance ? La subtile ironie réside dans le fait que, tout en affirmant vouloir l’unité, les actions du régime creusent le fossé de la défiance.

Le secrétaire fédéral a lancé un appel pressant : « Aux autorités, nous demandons de relâcher nos militants le plus vite possible, car ils n’ont rien fait. » Cette défense repose sur une lecture stricte du droit congolais et des engagements internationaux de la RDC en matière de libertés publiques. L’arrestation de militants à Kananga pourrait donc, en plus d’être un casus belli politique, se transformer en un dossier juridique embarrassant pour l’État. L’opposition saura-t-elle utiliser les armes du droit pour retourner la situation contre un pouvoir souvent prompt à invoquer la souveraineté pour justifier ses actes ?

En conclusion, cet épisode des arrestations à Kananga dépasse largement le cadre d’un simple incident de maintien de l’ordre. Il s’agit d’un coup de sonnette d’alarme sur l’état de l’espace démocratique en République Démocratique du Congo. La manière dont les autorités traiteront les prochains jours – par la libération ou la poursuite judiciaire des militants – sera un indicateur clair de leur volonté réelle d’apaisement. Jean-Marc Kabund et son Alliance pour le changement se retrouvent, malgré eux, en première ligne d’un test de résistance des institutions face au pluralisme. Le prochain enjeu est de taille : le régime parviendra-t-il à initier un dialogue inclusif crédible sans avoir préalablement emprisonné ceux qui le réclament le plus fort ? L’histoire politique du Congo est jalonnée de ces paradoxes qui, trop souvent, ont conduit à l’impasse. La balle est désormais dans le camp des autorités, dont la prochaine décision sera lue comme un véritable acte de politique intérieure.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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