Le grondement a été sourd, suivi d’un nuage de poussière qui a obscurci le ciel. Vendredi après-midi, une portion du flanc du Mont Goma s’est détachée, dévalant la pente avec une violence terrifiante. Arbres, roches et tonnes de terre ont enseveli sous une couche épaisse une centaine de mètres de la route asphaltée menant au port public de Goma, à proximité du port Bisengimana. « On a cru à un tremblement de terre », confie un riverain, encore sous le choc. « La route a disparu en quelques secondes, coupant net l’accès au port. » Heureusement, ce spectaculaire éboulement à Goma n’a fait aucune victime, mais il a brutalement rappelé la vulnérabilité de cette ville aux pieds d’un volcan.
Pendant plus de 24 heures, la route bloquée à Goma a paralysé l’un des axes stratégiques de l’économie locale. Le port public de Goma est une artère vitale pour les échanges commerciaux du Nord-Kivu. Son isolement, même temporaire, a des répercussions immédiates sur l’acheminement des marchandises et le quotidien des populations. Des équipes techniques et de secours se sont affairées sans relâche pour déblayer la chaussée, permettant une réouverture partielle ce dimanche. Mais le spectacle est inquiétant : la cicatrice dans la montagne est encore fraîche, et le travail est loin d’être terminé. L’éboulement, qui n’est pas totalement stabilisé, continue de menacer directement les habitations construites en contrebas. Comment des familles peuvent-elles vivre sereinement avec une épée de Damoclès au-dessus de leur tête ?
Cet incident soulève des questions cruciales sur l’aménagement du territoire et la prévention des risques. Les habitants du secteur, interrogés, expriment une inquiétude mêlée de lassitude. Ils espèrent désormais que les autorités vont prendre des mesures préventives durables. « Cela fait des années que nous alertons sur l’érosion et la fragilité de ces pentes », déplore une habitante. « On bricole des solutions après chaque glissement, mais il faut une vraie politique pour sécuriser la zone. » La route menant au port est-elle construite sur un terrain suffisamment stable ? Des études géotechniques ont-elles été régulièrement menées ? L’urbanisation galopante de Goma, souvent anarchique, augmente-t-elle la pression sur des sols déjà instables ?
La répétition de tels événements, comme le rappelle un récent éboulement meurtrier en Ituri, montre que la problématique dépasse le simple incident isolé. Elle touche à la sécurité publique et au développement économique de toute une région. L’accès au port de Goma doit être garanti dans la durée, non seulement pour les camions et les marchands, mais pour la stabilité sociale. Les riverains appellent à des travaux de confortement des pentes, à un système de surveillance et peut-être à une révision des plans d’occupation des sols. Sans une action coordonnée et volontariste, la prochaine coulée de terre pourrait être dramatique.
Alors que la circulation a repris, la peur, elle, reste ancrée. Cet éboulement sur le Mont Goma agit comme un signal d’alarme. Il met en lumière la tension permanente entre les nécessités du développement urbain et le respect des contraintes naturelles. Goma, ville vibrante et résiliente, se retrouve une fois de plus face à ses défis géologiques. La réponse des pouvoirs publics sera scrutée à la loupe. S’agit-il d’un simple déblaiement d’urgence, ou du début d’une prise de conscience pour mieux protéger les citoyens et les infrastructures essentielles ? L’avenir économique et sécuritaire de la région peut dépendre de cette réponse.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
