Sous un soleil ardent, le terrain Luboma, communément appelé stade de la Compagnie de Commerce et des Plantations de Lisafa, vibrait d’une énergie particulière ce dimanche. Des centaines de villageois, venus des alentours, avaient envahi l’espace pour encourager leurs champions. Les moteurs des tracteurs rugissaient, et dans la poussière soulevée, 27 conducteurs, dont 10 femmes, se préparaient à un duel technique des plus inattendus. Cette scène festive n’était pas isolée ; elle se répétait simultanément sur six autres sites à travers la République Démocratique du Congo, marquant l’édition spéciale de la désormais célèbre course de tracteurs organisée par le Groupe Blattner Elwyn Agri (GBE Agri) via son ONG Développement Rural au Congo.
Mais au-delà du spectacle et des acclamations, quel est le véritable sens de cette compétition ? Pour Alex Niamien, Directeur Général de la compagnie hôte à Lisafa, l’événement va bien au-delà du sport. « Cette nouvelle édition a pour but de présenter nos activités, de faire la promotion de la mécanisation agricole à travers la présentation des engins de nos partenaires, et de promouvoir la diversité dans nos activités, notamment la promotion du genre », a-t-il déclaré lors du coup d’envoi. Un message repris avec force par Miss Bangala, directrice de projet et de la communication de GBE Agri, qui a insisté sur la place centrale accordée aux femmes. « Nous mettons en exergue nos tractoristes et il ne faut pas oublier que nous avons plus de 40% de tractoristes femmes, ce n’est pas une chose vue tous les jours dans le domaine agricole », a-t-elle souligné, rappelant l’engagement du groupe pour l’inclusion.
La course elle-même était un test d’habileté pure. Sur un circuit jalonné d’obstacles techniques, les participants ont dû démontrer leur maîtrise de la machine : vitesse contrôlée, freinage de précision, manoeuvres de déviation et recul en ligne droite. À Lisafa, après des passes d’armes serrées, Ngilima Lokau s’est imposé chez les hommes, tandis que Bongongo Balonaso remportait la palme chez les femmes. Tous les lauréats, à travers les différents sites comme Busira Lomami Oriental, la SCAM au Mayombe ou la CPN à Ndeke, ont reçu des récompenses en espèces, symbolisant la valorisation de leur expertise au quotidien.
Derrière cette journée de liesse se cache une ambition plus vaste, née en 2022 sous l’impulsion de Cédric Thaunay, président du conseil d’administration de GBE Agri. La course de tracteurs vise avant tout à encourager l’excellence professionnelle parmi les chauffeurs et, par ricochet, à valoriser le rôle central d’une agriculture moderne pour le développement du pays. Comment la mécanisation agricole en RDC peut-elle devenir un levier de prospérité partagée ? Cet événement tente d’apporter une réponse concrète en montrant la compétence locale et en brisant les stéréotypes, notamment avec ces tractoristes femmes qui prouvent leur talent sur le terrain.
L’initiative, soutenue par de nombreux partenaires techniques et financiers, s’inscrit dans une démarche sociale plus large. GBE Agri et son ONG Développement Rural au Congo ne se contentent pas de promouvoir les engins agricoles ; ils investissent dans les communautés. Construction d’écoles, de centres de santé, de forages d’eau et de routes : l’action du groupe vise à créer un écosystème vertueux autour de l’agriculture. La course devient ainsi le point de rendez-vous annuel où se cristallisent ces efforts, un moment de rencontre entre les sociétés agricoles, les planteurs indépendants et les populations.
Alors que le Congo cherche des modèles de développement rural durable, la voie tracée par ce genre d’initiative mérite réflexion. La promotion des tractoristes femmes n’est pas qu’un slogan ; c’est un acte fort pour changer les mentalités dans un secteur traditionnellement masculin. La mécanisation agricole, souvent perçue comme l’apanage des grands groupes, est ici présentée comme un outil accessible dont la maîtrise est célébrée. La course de tracteurs de GBE Agri est bien plus qu’une compétition : c’est un plaidoyer en action pour une agriculture congolaise performante, inclusive et ancrée dans son territoire. Le chemin reste long, mais chaque édition, à travers la poussière des champs et les rires des participants, sème une graine d’espoir pour l’avenir rural du pays.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
