Dans une d茅claration vigoureuse devant le Conseil de s茅curit茅 des Nations Unies, le repr茅sentant permanent du Rwanda, Martin Ngoga, a cat茅goriquement d茅menti les accusations d鈥檃gression formul茅es par le Burundi. Cet 茅change, survenu vendredi 13 d茅cembre, illustre la persistance des tensions dans la r茅gion des Grands Lacs, o霉 les all茅gations de soutien 脿 des groupes arm茅s empoisonnent r茅guli猫rement les relations diplomatiques.
Martin Ngoga a fermement affirm茅 que 芦 le Rwanda n鈥檈st pas en guerre avec le Burundi et ne peut pas agresser ses voisins 禄. Il a qualifi茅 d鈥檌nfond茅es les accusations selon lesquelles Kigali apporterait son soutien au mouvement rebelle M23, actif dans l鈥橢st de la R茅publique D茅mocratique du Congo. Cette r茅futation intervient dans un contexte o霉 les accusations Rwanda Burundi 脿 l鈥橭NU se multiplient, cr茅ant un climat de m茅fiance r茅ciproque.
Dans un revirement typique des dynamiques de la r茅gion, le diplomate rwandais a ensuite retourn茅 l鈥檃ccusation. Il a point茅 du doigt la R茅publique D茅mocratique du Congo, l鈥檃ccusant de violations du cessez-le-feu et, surtout, de soutien aux Forces D茅mocratiques de Lib茅ration du Rwanda (FDLR). Ce groupe arm茅, dont certains 茅l茅ments sont impliqu茅s dans le g茅nocide des Tutsi au Rwanda en 1994, reste une pr茅occupation s茅curitaire majeure pour Kigali. Cette r茅plique met en 茅vidence l鈥檈xtr锚me complexit茅 des conflits dans la r茅gion, o霉 chaque partie se pr茅sente simultan茅ment comme victime et accuse l鈥檃utre d鈥櫭﹖re l鈥檃ggresseur.
La r茅union du Conseil de s茅curit茅 a 茅galement 茅t茅 l鈥檕ccasion de faire le point sur le role de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO). Face 脿 la recrudescence des violences et 脿 l鈥檈nlisement des conflits, les membres du Conseil ont unanimement insist茅 sur la n茅cessit茅 de renforcer la mission onusienne. Un appel clair a 茅t茅 lanc茅 pour la mise 脿 disposition de ressources suppl茅mentaires pour la MONUSCO, jug茅es indispensables pour lui permettre de remplir son mandat de protection des civils et de stabilisation dans un environnement de plus en plus volatile.
Mais comment expliquer cette escalade verbale entre le Burundi et le Rwanda ? Les relations entre les deux pays voisins ont 茅t茅 historiquement tendues, avec des cycles d鈥檃ccusations concernant le soutien 脿 des groupes d鈥檌nsurrection ou d鈥檕pposition. Le Burundi, confront茅 脿 des d茅fis s茅curitaires internes, pourrait voir dans ces d茅nonciations publiques un moyen de mobiliser l鈥檃ttention internationale et de faire pression sur Kigali. De son c么t茅, le Rwanda, souvent critiqu茅 pour son implication suppos茅e dans les affaires de ses voisins, utilise la tribune des Nations Unies pour dresser un contre-r茅cit et se pr茅senter en 茅tat respectueux du droit international.
La situation concernant le M23 reste, quant 脿 elle, une 茅pine dans le pied de la paix r茅gionale. La r茅apparition et les r茅cents succ猫s militaires de ce groupe ont profond茅ment d茅stabilis茅 l鈥橢st de la RDC, ravivant les vieux d茅mons d鈥檜ne guerre r茅gionale qui a d茅j脿 fait des millions de victimes. Les d茅négations r茅p茅t茅es de Martin Ngoga sur tout lien avec le M23/AFC contrastent avec les rapports de nombreux groupes d鈥檈xperts et organisations de la soci茅t茅 civile, qui continuent de documenter des soutiens transfrontaliers. Cette contradiction permanente paralyse les efforts de paix.
L鈥檃ppel au renforcement de la MONUSCO r茅sonne comme un aveu d鈥檈chec des m茅canismes de s茅curit茅 collective dans la r茅gion. Alors que sa mandat 茅volue et que son retrait 脿 terme est 茅voqu茅, la demande de plus de ressources souligne le foss茅 entre les aspirations 脿 la paix et la r茅alit茅 sanglante du terrain. Sans une volont茅 politique r茅elle de tous les acteurs, incluant la RDC, le Rwanda, l鈥橴ganda et le Burundi, les soldats de la paix risquent de rester les t茅moins impuissants d鈥檜n conflit sans fin.
La conclusion de l鈥檌ntervention de Martin Ngoga, r茅affirmant l鈥檃ttachement du Rwanda 脿 ses engagements internationaux et appelant au respect des accords, sonne comme un leitmotiv des dialogues de la r茅gion. Des d茅clarations de bonnes intentions sont r茅guli猫rement prononc茅es 脿 New York, Gen猫ve ou Luanda, mais elles semblent trop souvent se dissoudre dans la r茅alit茅 des combats dans les collines du Nord-Kivu. La communaut茅 internationale, 脿 travers le Conseil de S茅curit茅, se trouve une fois de plus face 脿 un dilemme : croire aux assurances verbales des parties ou agir sur la base des rapports documentant les violations. L鈥檈nfance de la crise actuelle montre que, sans une pression coordonn茅e, transparente et ferme, les tensions dans les Grands Lacs continueront de menacer la stabilit茅 de toute l鈥橝frique centrale.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
