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Justice populaire à Kiri : deux morts dans un cycle de vengeance familiale, l’État absent dénoncé

Un nouveau drame de justice populaire a endeuillé la localité de Beronge, dans le secteur de Kiri, province du Maï-Ndombe. Vendredi 12 décembre, un cycle de violences meurtrières a opposé deux familles, faisant au moins deux victimes. Selon les informations recueillies, ces événements tragiques sont survenus en l’absence totale des forces de l’ordre, un vide sécuritaire et judiciaire que le député national élu de Kiri, Castro Bamboka, dénonce avec véhémence.

Les faits, d’une brutalité désolante, ont débuté par le meurtre d’un homme. La famille de la victime, obéissant à la logique implacable de la vendetta, aurait alors procédé à des représailles, tuant à son tour le présumé auteur du premier homicide. L’administrateur du territoire a déploré ces actes, qui s’inscrivent dans une tendance alarmante de recours à la justice populaire dans cette région. Ces mécanismes de violence auto-gérée traduisent-ils un effondrement de l’autorité de l’État ?

La situation sur le terrain est décrite comme une anarchie totale par le parlementaire Castro Bamboka. La racine du mal, selon lui, est à chercher dans la déliquescence du système judiciaire local. Le tribunal de paix de Kiri ne fonctionne plus depuis près de sept ans, laissant la population sans recours légal pour trancher les conflits. Les dossiers, lorsqu’ils sont traités, ne le sont que par le parquet, qui se limite souvent à prononcer des amendes, une sanction jugée dérisoire face à la gravité de certains crimes. Cette impunité de fait favoriserait la récidive et alimenterait le sentiment d’injustice, poussant les citoyens à se faire justice eux-mêmes.

« J’ai souvent insisté, lorsque le parquet près le tribunal de paix de Kiri, ne pouvant pas fixer les dossiers au niveau du tribunal parce que celui-ci ne fonctionne pas, aurait pu transférer ces affaires au niveau du parquet près le TGI d’Inongo. Mais c’est ce qui ne se fait pas », a déclaré le député Castro Bamboka, pointant du doigt un manque de coordination et de volonté administrative. Son plaidoyer est double : un renforcement immédiat des dispositifs sécuritaires et une résolution de la crise judiciaire. « Je demande qu’au niveau de la Police, qu’on puisse également affecter les policiers au niveau des secteurs et dans les sous-ciat, et au niveau du conseil supérieur de la magistrature, qu’on fasse un effort pour affecter les magistrats », a-t-il ajouté, soulignant l’urgence de la situation.

L’absence persistante de magistrats au tribunal de paix Kiri constitue un vide institutionnel criant. Privée d’une justice rendue de manière officielle et pacifique, la population voit les tensions familiales s’exacerber jusqu’au point de rupture. Le meurtre de Kiri, bien que s’inscrivant dans un conflit interpersonnel, est le symptôme d’un malaise plus profond : la défiance envers les institutions et l’impuissance ressentie face à l’inaction des pouvoirs publics. Comment en est-on arrivé à une telle carence, et quelles en sont les conséquences sur la cohésion sociale dans le Maï-Ndombe ?

Le scénario décrit à Beronge est malheureusement récurrent. L’incapacité de l’appareil judiciaire à fonctionner normalement transforme les litiges ordinaires en tragédies. La sanction par simple amende, sans procès ni condamnation proportionnée, ne dissuade pas les auteurs de violences. Elle envoie, au contraire, un signal dangereux de tolérance, incitant à régler ses comptes en dehors du cadre légal. La justice populaire, loin d’être une solution, perpétue un cycle de violence qui entrave tout développement et instaure un climat de terreur permanent.

L’appel lancé par Castro Bamboka vise à briser ce cercle vicieux. L’affectation de magistrats et le déploiement de forces de police dans les secteurs reculés sont présentés comme des préalables indispensables à la restauration de l’État de droit. Sans cette présence tangible de l’autorité, les communautés continueront de vivre sous la loi du talion. La crédibilité de l’État est en jeu dans des régions comme Kiri, où son absence est interprétée comme un abandon pur et simple. La recrudescence de la justice populaire en RDC n’est-elle pas le reflet ultime de cette fracture entre le pouvoir central et ses citoyens les plus éloignés ?

Les prochaines étapes sont attendues avec impatience par la population locale. La balle est désormais dans le camp des autorités provinciales et du Conseil Supérieur de la Magistrature. Répondront-elles à l’urgence dénoncée par l’élu de Kiri ? L’avenir de la sécurité et de la paix sociale dans le secteur de Beronge dépend de cette capacité à combler un vide qui dure depuis sept longues années. En attendant, le spectre de nouvelles vengeances et de nouveaux morts plane sur la région, rappelant que sans justice institutionnelle, c’est la loi de la jungle qui prévaut.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

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