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MIBA : 8 mois d’arriérés de salaire, les agents lancent un ultimatum au gouvernement

Ce mercredi 10 décembre, les rues de Mbuji-Mayi ont été le théâtre d’une colère ordonnée mais profonde. Partis du siège de la Minière de Bakwanga, des centaines d’agents de la MIBA, visages fermés et calicots à la main, ont marché pour hurler leur détresse. Leur cri unanime ? La fin de huit longs mois d’arriérés de salaire qui étouffent leurs familles et menacent l’existence même de cette entreprise historique. Comment en est-on arrivé à une telle situation de précarité pour les travailleurs d’une société autrefois prospère ?

Le cortège a sillonné plusieurs artères de la capitale du Kasaï-Oriental, transformant l’espace public en une tribune géante. Les slogans, scandés d’une voix grave, dénonçaient un « abandon total » des autorités. Sur les banderoles, des messages simples mais lourds de sens : « 8 mois sans salaire, c’est la mort lente », « MIBA en danger, nos familles aussi ». Cette manifestation à Mbuji-Mayi est bien plus qu’un simple mouvement social ; elle est le symptôme d’une crise sociale profonde qui ronge la région. Les travailleurs, dans leur marche vers le gouvernorat, portaient sur leurs épaules le poids de mois de privations, d’humiliations silencieuses et d’un avenir incertain.

Devant les portes du gouvernorat, l’émotion était palpable. Jean Mayamba, représentant du Collectif des enfants de la MIBA et porte-parole du jour, a lu d’une voix tremblante d’indignation le mémorandum adressé au président de la République. « Nous vivons huit mois d’humiliation silencieuse. Huit mois sans salaire, alors que nos familles sombrent dans la précarité », a-t-il déclaré, captant l’attention d’une foule attentive et résignée. Son discours a mis en lumière les conséquences concrètes de cette crise des arriérés de salaire : enfants contraints d’abandonner l’école, foyers disloqués par la pression financière, et une perte de dignité qui ronge le moral des travailleurs. « Nous demandons au chef de l’État de rétablir son propre engagement et de sauver ce qui reste de la MIBA », a-t-il imploré, rappelant une promesse qui semble s’être évaporée dans l’air du temps.

Cette promesse, c’est celle de 50 millions de dollars pour la relance de la société, annoncée par le président Félix-Antoine Tshisekedi lui-même devant la population de la grand-place de Bonzola à Mbuji-Mayi. Les manifestants déplorent amèrement que ces fonds, présentés comme une bouée de sauvetage pour la minière de Bakwanga, n’aient jamais été décaissés. Comment expliquer un tel délai alors que la situation devient critique ? L’attente se transforme en défiance, et la défiance en colère. Les travailleurs, dans leur ultimatum fixé au 20 décembre prochain, adressent un message clair au gouvernement central : le temps des discours est révolu, il faut des actes.

La ville de Mbuji-Mayi, déjà éprouvée par une crise socio-économique tenace, semble porter sur ses épaules le destin vacillant de la MIBA. Cette entreprise n’est pas qu’un simple employeur ; elle est un pilier de l’économie locale, un symbole identitaire pour toute la province du Kasaï-Oriental. Son effritement progressif aggrave une crise sociale déjà latente, créant un terrain fertile pour le désespoir et l’instabilité. Les arriérés de salaire ne sont pas qu’un problème comptable ; ils sont une bombe à retardement sociale. Que se passera-t-il si l’ultimatum expire sans réponse concrète ? Les travailleurs préviennent : d’autres actions d’envergure pourraient suivre, plongeant davantage la région dans une turbulence imprévisible.

L’appel lancé ce 10 décembre est donc un cri d’alarme. Il interpelle non seulement le gouvernement mais toute la nation sur l’urgence de sauver une entreprise stratégique du Grand Kasaï. La relance de la MIBA passe nécessairement par le règlement immédiat de la dette salariale et la matérialisation des promesses de fonds. Au-delà des chiffres, c’est la stabilité de milliers de familles et d’une région entière qui est en jeu. La balle est désormais dans le camp des autorités. Leur réponse, ou leur absence de réponse, déterminera si la crise sociale au Kasaï-Oriental peut être désamorcée ou si elle va, au contraire, entrer dans une phase plus aiguë et plus douloureuse.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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