Une nuit de terreur a frappé le village de Birihi, dans le groupement Bashali Mokoto en territoire de Masisi, au Nord-Kivu. Mardi 9 décembre, vers 20 heures, des hommes armés non identifiés ont fait irruption dans cette localité. Leur intervention, brève et brutale, a été fatale pour quatre civils, toutes des femmes, et a laissé un homme grièvement blessé par armes blanches. Les assaillants se sont ensuite évaporés dans l’obscurité, laissant derrière eux une communauté sous le choc et plongée dans le deuil.
Les premiers éléments recueillis sur place dessinent le scénario d’une opération militaire précise. Les habitants, traumatisés, sont unanimes : il ne s’agirait pas d’une attaque aléatoire. « Ils sont venus juste pour accomplir leur mission », affirme une source locale, sous couvert d’anonymat par crainte de représailles. Cette déclination suggère un assassinat ciblé, soigneusement planifié. La victime masculine blessée a pu être évacuée vers une structure sanitaire proche pour recevoir des soins. Son état reste préoccupant.
La question centrale demeure : quelle est la motivation derrière ce massacre ? Si les autorités n’ont pas encore officiellement déterminé la cause, l’hypothèse d’un conflit foncier ressort fortement des discussions avec la population locale. Dans une région où la terre est une ressource vitale et une source de pouvoir, les litiges peuvent dégénérer en violence extrême. Cet incident à Birihi vient tragiquement rappeler que les civils, et particulièrement les femmes, paient souvent le prix fort de ces tensions.
Le contexte sécuritaire du Nord-Kivu complique singulièrement toute enquête. La zone de Birihi et du territoire de Masisi est notoirement le théâtre d’activités de plusieurs groupes armés. Cette prolifération d’acteurs, aux motivations parfois obscures, rend l’identification des auteurs de ce meurtre particulièrement ardue. Qui sont ces « hommes armés non identifiés » ? Agissaient-ils pour le compte d’une milice locale, ou s’agit-il d’éléments liés à des réseaux plus larges ? L’opacité est totale, alimentant un sentiment d’impunité et d’insécurité chronique.
Cette attaque à Birihi s’inscrit dans une série inquiétante de violences ciblant les civils dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Les femmes, souvent en première ligne des conflits communautaires et des luttes pour les ressources, en sont les victimes récurrentes. Comment assurer leur protection dans des zones où l’État de droit peine à s’imposer ? La récurrence de tels événements interroge la capacité des forces de sécurité à prévenir ces actes et à désarmer les groupes qui sèment la terreur.
Pour l’heure, les familles des défuntes sont livrées à leur douleur. La communauté de Birihi vit dans la crainte de nouvelles incursions. Cet épisode sanglant met en lumière la vulnérabilité extrême des populations rurales face à la violence armée. Il souligne également l’urgence de régler les contentieux fonciers, poudrières potentielles, par des mécanismes juridiques et pacifiques. Tant que les racines de ces conflits ne seront pas adressées, le cycle de la violence risque de perpétuer ses meurtres absurdes.
Les autorités provinciales et les services de renseignement sont-ils en mesure de faire la lumière sur cette tuerie ? La population attend des réponses et des actes concrets. La stabilisation du Nord-Kivu passe impérativement par la restauration de la sécurité pour tous les citoyens, loin des agendas des groupes armés. Le drame de Birihi est un cri d’alarme de plus dans une région qui en a pourtant tant lancés. L’insécurité au Nord-Kivu n’est pas une fatalité, mais elle requiert une réponse ferme, coordonnée et tournée vers la justice pour les victimes et leurs familles.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
