Le cri des pneus qui dérapent, le choc sourd, puis les hurlements. Ce lundi 8 décembre 2025, aux alentours de Cilamba, près du pont Lubilanji à Mbujimayi, la routine matinale a été tragiquement interrompue par un accident de circulation qui a coûté la vie à deux personnes. Fauchées mortellement par un camion-citerne de la société Safrimex, les victimes ont succombé sur le coup, laissant une communauté sous le choc et une colère qui ne tardera pas à éclater.
Peu après le drame, des habitants du quartier, exaspérés par la répétition de tels événements, ont mis le feu au véhicule incriminé. Témoins de la scène, ils racontent comment le camion a été entièrement réduit en cendres avant que les forces de l’ordre n’interviennent. « On en a marre de voir nos frères et sœurs mourir sous les roues de ces poids lourds. C’est trop ! », lance un jeune homme, le visage crispé par l’émotion. Cette violence spontanée, bien que condamnable, traduit un profond sentiment d’impuissance face à l’insécurité routière grandissante.
Alerté par l’incident, le ministre provincial des ITPR et Transcom, Joachim Kalonji Tshibumba, s’est rendu sur les lieux accompagné du directeur provincial de Safrimex et du général de la Police nationale congolaise. Visiblement ému, le ministre s’est dit profondément choqué par ce nouveau drame. « Nous venons encore de perdre des vies humaines dans des conditions insoutenables. La violence et la destruction ne peuvent pas être des réponses », a-t-il déclaré, condamnant le vandalisme tout en présentant ses condoléances aux familles des victimes. Mais au-delà des paroles, que font les autorités pour empêcher ces tragédies ?
Cet accident s’ajoute en effet à une série de cas similaires enregistrés ces derniers mois à Mbujimayi. Dans cette ville de la province du Kasaï-Central, plusieurs personnes ont perdu la vie ou ont subi des fractures graves dans des collisions impliquant des poids lourds. Chaque fois, le scénario semble se répéter : un véhicule incontrôlable, des victimes innocentes, et une colère populaire qui explose. Comment expliquer cette recrudescence d’accidents de circulation à Mbujimayi ?
La société Safrimex, spécialisée dans les travaux de réhabilitation routière dans la province, est ici directement mise en cause. Son camion-citerne, engagé dans des chantiers de réparation des routes, devient paradoxalement un instrument de mort. Cela pose la question de la formation des conducteurs, de l’entretien des véhicules, et surtout de la sécurité sur les chantiers. Les routes du Kasaï-Central, souvent dégradées, sont-elles devenues des pièges mortels pour les usagers ?
Les habitants de Cilamba et des environs du pont Lubilanji vivent dans la peur constante. « On ne peut plus traverser la route tranquillement. Ces camions roulent trop vite, comme si la vie des gens n’avait aucune valeur », déplore une mère de famille. La proximité des chantiers de réhabilitation avec les zones résidentielles augmente les risques. Pourtant, des mesures simples pourraient être prises : limitation de vitesse, signalisation claire, contrôles renforcés. Pourquoi ne sont-elles pas appliquées ?
Le gouvernement provincial a certes promis d’agir. Le ministre Kalonji Tshibumba a assuré que des enquêtes seraient ouvertes pour déterminer les responsabilités de cet accident. Mais les promesses ne suffisent plus. La population demande des actes concrets pour améliorer la sécurité routière dans le Kasaï-Central. Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier avant que des changements réels ne soient visibles ?
L’incendie du camion de Safrimex à Cilamba est un signal d’alarme. Il révèle une fracture sociale entre une communauté excédée et des autorités perçues comme inertes. La sécurité routière n’est pas qu’une question de circulation ; c’est un enjeu de dignité humaine et de justice sociale. Chaque accident évitable est un échec collectif. À Mbujimayi, comme ailleurs en RDC, il est urgent de repenser la mobilité et la protection des citoyens. Le pont Lubilanji, témoin de ce drame, devrait devenir un symbole de changement plutôt qu’un lieu de deuil répété.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
