Assis devant sa maison partiellement démolie, M. Kabasele, un habitant de la commune de Lingwala, attend avec anxiété le jour où il pourra enfin toucher son indemnisation. “Cela fait des mois que nous vivons dans l’incertitude”, confie-t-il, les yeux fixés sur les bulldozers qui sculptent le paysage pour le projet Rocades Kinshasa. Comme lui, plus de 100 personnes sont attendues ce jeudi 11 décembre à Kinshasa pour le lancement de la troisième phase de l’opération d’indemnisation des personnes impactées par ce vaste chantier routier.
La Commission interministérielle chargée des expropriations, pilotée par le secrétaire général aux Infrastructures, Georges Koshi, réaffirme son engagement en faveur de la transparence, de l’équité et de l’indemnisation de toutes les personnes affectées. Elle collabore avec les parties concernées pour fluidifier le processus de paiement, et s’emploie à fournir toutes les informations nécessaires aux instances en charge du décaissement. Cependant, elle précise que le décaissement des fonds relève d’un autre niveau de la chaîne organisationnelle, une nuance qui laisse planer un doute sur les délais réels.
Mais cette transparence affichée suffira-t-elle à apaiser les craintes des milliers de personnes affectées par les expropriations ? Lors de la deuxième phase, seulement 200 dossiers sur les 3 442 recensés avaient été clôturés. Un chiffre qui interpelle sur l’efficacité du processus. Les retards dans l’indemnisation expropriation RDC ne sont pas nouveaux, et les populations touchées par les grands projets d’infrastructures routières Congo paient souvent le prix fort du développement.
Le projet des routes de Rocades, d’une longueur de plus de 70 km, est financé dans le cadre du programme sino-congolais et exécuté par les entreprises chinoises CREC 4 et CREC 8, sous la coordination de l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT). Cette initiative vise à désengorger la circulation dans la capitale, mais elle se heurte à la réalité sociale des expropriés. La commission interministérielle expropriations tente de jouer un rôle de médiateur, mais les attentes sont immenses.
Sur le terrain, les sentiments sont mitigés. Certains croient encore à la promesse d’une indemnisation juste, tandis que d’autres, lassés par les lenteurs administratives, ont perdu espoir. “On nous parle toujours de procédures, mais nos vies sont en suspens”, déplore une habitante de la zone, mère de famille. La question de la justice sociale se pose avec acuité : jusqu’où le développement des infrastructures routières Congo doit-il sacrifier le bien-être des citoyens ?
En conclusion, le projet Rocades Kinshasa est un test crucial pour les autorités congolaises. Il s’agit de démontrer que les grands travaux, comme ceux coordonnés par l’ACGT, peuvent se faire dans le respect des droits des populations. La troisième phase d’indemnisation sera-t-elle la bonne ? Seul un paiement rapide et équitable pourra restaurer la confiance. En attendant, des milliers de familles congolaises vivent au rythme des incertitudes, entre espoir et désillusion.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
