L’air de Kinshasa portait, ce 10 décembre, une senteur particulière, mélange de poussière urbaine et d’espoir renouvelé. Dans le cœur battant de Bandalungwa, soixante-dix années d’existence se sont écoulées, sept décennies à sculpter une identité faite de résistance tranquille et de vitalité populaire. La célébration de cet anniversaire n’était pas une simple commémoration ; elle s’est érigée en acte fondateur, un moment solennel où le passé a conversé avec l’avenir, sous le parrainage éclairé du ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya.
Comment une commune écrit-elle son histoire sinon par la somme des vies qui l’habitent et des ambitions qui la traversent ? L’événement, orchestré par le député provincial Jared Phanzu, a pris des allures de grande fresque collective. Sur la scène, se tenaient des figures telles que le gouverneur Daniel Bumba et le député national Éric Tshikuma, entourés des notables et des forces vives du quartier. Leur présence dense, presque palpable, dessinait les contours d’une légitimité retrouvée et d’un engagement renouvelé pour le développement des communes de Kinshasa.
La rétrospective, ce voyage dans le temps, a déroulé le film parfois chaotique, souvent émouvant, de l’histoire de Bandalungwa. Des premiers lotissements à l’effervescence actuelle, chaque rue, chaque marché semble porter la mémoire d’une communauté qui a su résister aux marées du temps. Les discours, loin de se cantonner à un éloge stérile du passé, ont opéré un virage audacieux vers la projection. La vision esquissée est celle d’une entité urbaine apaisée : une Bandalungwa plus sécurisée, où le citoyen retrouve le sentiment du chez-soi ; une Bandalungwa plus assainie, où la salubrité n’est plus un vœu pieux mais un droit fondamental.
Au cœur de cette ambition, une innovation majeure a vu le jour : la Tribune d’expression et de plaidoyer. Ce cadre se veut l’antithèse des promesses creuses. Conçu comme un espace citoyen, participatif et démocratique, il aspire à être le creuset où les idées mûrissent en actions concrètes, où les paroles se cristallisent en projets tangibles, et où ces projets eux-mêmes accouchent de résultats mesurables. N’est-ce pas là le processus même qui fonde toute transformation sociale durable ? Cette Tribune incarne le passage d’une gouvernance verticale à une dynamique horizontale, où chaque habitant devient un architecte du développement de sa commune.
Le défi, lancé comme un trait d’union entre les générations, est colossal : faire de Bandalungwa un « projet collectif ». L’adage populaire, « Bandal soit Paris », résonne alors d’une tonalité nouvelle. Il ne s’agit plus d’une vaine comparaison avec la capitale française, mais d’une injonction à atteindre un niveau d’excellence urbaine, de cohésion sociale et de rayonnement culturel. Patrick Muyaya, en parrain avisé, et Daniel Bumba, en garant de l’autorité provinciale, ont insufflé à cette célébration une énergie politique rare, signalant que le destin de cette commune est désormais inscrit en lettres majuscules dans l’agenda du développement de la capitale.
Que reste-t-il après les discours et les applaudissements ? Une sensation persistante, celle d’un tournant. Les 70 ans de Bandalungwa ne marquent pas un aboutissement, mais un nouveau départ. La mémoire, si riche soit-elle, ne sert que de tremplin. Les défis de l’assainissement, de la sécurité et de l’inclusion économique attendent leur traduction opérationnelle. La réussite de cette entreprise collective dépendra de la capacité à maintenir allumée la flamme de la participation citoyenne allumée ce jour. Bandalungwa, dans sa quête pour devenir un modèle, pose une question fondamentale à toutes les entités urbaines de la RDC : comment transformer l’héritage en horizon ?
Alors que la nuit est tombée sur les artères de la commune, l’écho des discussions semble persister. Les 70 ans de Bandalungwa auront été bien plus qu’une fête ; ils se sont imposés comme un acte de foi dans le potentiel congolais à réinventer ses espaces de vie. Entre les murs de ses maisons et l’asphalte de ses avenues, c’est une nouvelle page de l’histoire de Kinshasa qui commence à s’écrire, une page où le développement n’est plus un slogan, mais un chantier ouvert à tous.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc
