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RDC : Les députés nationaux adoptent le budget 2026 à une écrasante majorité

L’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo a franchi, ce mercredi, une étape cruciale du cycle budgétaire en adoptant en première lecture le projet de loi de finances pour l’exercice 2026. Une quasi-unanimité de façade – 428 voix pour, 2 contre, sur 430 votants – scelle l’examen parlementaire d’un budget dont l’équilibre affiché masque des défis économiques colossaux. Ce vote massif, fruit des travaux de la commission économique et financière (ÉCOFIN) dirigée par Guy Mafuta Kabongo, ouvre-t-il la voie à une gestion plus vertueuse des finances publiques congolaises ou consacre-t-il simplement le ritualisme parlementaire face à l’exécutif ?

Le chiffre annoncé, 54 335,8 milliards de Francs Congolais, représente une augmentation de 7,2% par rapport à la loi de finances rectificative de 2025. Cette croissance nominale du budget du pouvoir central interroge immédiatement sur sa traduction réelle pour les citoyens. L’économie générale du rapport, exposée par le président de l’ÉCOFIN, s’appuie sur une batterie d’indicateurs macroéconomiques réajustés qui dessinent les contours d’une ambition de stabilité. Une croissance du PIB projetée à 5,3%, un déflateur à 13,8% et une pression fiscale maintenue à 12,3% : tels sont les piliers sur lesquels repose l’édifice financier de l’année 2026. Mais ces prévisions, notamment un taux de change moyen de 2 467 FC pour un dollar US, ressemblent à un pari sur l’avenir dans un contexte international volatile.

L’adoption parlementaire de ce projet de budget 2026 par les députés nationaux témoigne d’une certaine discipline de majorité. Le travail en amont de la commission ÉCOFIN, depuis fin septembre, a visiblement permis de lisser les potentielles critiques, aboutissant à un consensus écrasant. Cette marche forcée vers l’adoption soulève néanmoins des questions sur la profondeur des débats et la capacité de contrôle réel de l’institution. Le président de la République et son gouvernement peuvent-ils se satisfaire d’une chambre basse si peu divisée sur un sujet aussi structurant que la loi de finances ? Une opposition parlementaire atone sur les questions budgétaires fragilise, en réalité, la robustesse démocratique du processus.

Derrière les agrégats macroéconomiques – un PIB nominal avoisinant les 269 262 milliards de FC – se cachent les véritables enjeux de l’exercice 2026. La priorité affichée est-elle la consolidation des infrastructures, l’amélioration des services sociaux ou le renforcement de la sécurité ? La composition des dépenses, souvent opaque dans les débats publics, déterminera l’impact concret de ce budget sur le quotidien des Congolais. Une pression fiscale stable à 12,3% suggère une absence de réforme fiscale majeure, alors que l’élargissement de l’assiette contributive reste un levier essentiel pour renforcer la souveraineté financière de l’État. La part du secteur minier, avec une croissance attendue de 5,0%, continue de peser de tout son poids dans les recettes, perpétuant une vulnérabilité aux cours mondiaux.

Le parcours législatif de cette loi de finances 2026 est loin d’être terminé. Conformément à la procédure, le texte adopté par les députés nationaux est désormais transmis au Sénat pour une seconde lecture. Cette chambre haute, souvent perçue comme une chambre de réflexion, aura l’opportunité d’apporter sa propre analyse et, potentiellement, d’amender le projet. L’article 113 de la Constitution prévoit le scénario classique de la navette parlementaire. En cas de désaccord entre les deux chambres, une commission mixte paritaire sera constituée pour tenter d’harmoniser les versions. Le jeu politique subtil entre l’Assemblée nationale et le Sénat pourrait alors s’inviter dans le processus, testant la solidité du consensus initial.

La suite des événements est désormais entre les mains des sénateurs. Vont-ils endosser le rôle de simple chambre d’enregistrement, validant sans sourciller le travail des députés nationaux, ou saisiront-ils cette occasion pour un examen plus critique, portant notamment sur l’adéquation entre les objectifs affichés et les moyens alloués ? L’hypothèse d’un désaccord, bien que minoritaire, n’est pas à exclure. Dans ce cas, le mécanisme constitutionnel accorde, en dernier ressort, le primat à la version de l’Assemblée nationale. Cette disposition confère un pouvoir considérable aux députés, mais aussi une responsabilité accrue dans la qualité de leur travail législatif initial.

L’adoption de ce budget 2026 en RDC, si elle marque une étape administrative nécessaire, ne doit pas occulter les défis de mise en œuvre. Les lois de finances successives butent souvent sur les écueils de l’exécution effective, de la dépendance aux ressources extractives et de la faible absorption des crédits alloués aux secteurs prioritaires. Le gouvernement joue gros avec cette programmation financière, dont le succès ou l’échec sera mesuré à l’aune de la croissance inclusive et de l’amélioration des conditions de vie. La balle est désormais dans le camp du Sénat, puis in fine, du Président de la République qui aura la charge de promulguer la loi. L’enjeu dépasse le simple rite parlementaire : il s’agit de crédibiliser la planification financière de l’État et de restaurer la confiance des citoyens et des investisseurs dans la gestion des finances publiques congolaises.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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