En marge de la cérémonie d’investiture du président ivoirien Alassane Ouattara, une rencontre diplomatique discrète mais significative a eu lieu à Abidjan. Le président de la Chambre basse du Parlement congolais, Aimé Boji Sangara, représentant le chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi, a reçu lundi 08 décembre 2025 le sous-secrétaire d’État américain chargé des questions économiques, Jacob Helberg. Cet échange, qualifié de “franc, amical et constructif” par l’émissaire américain, s’inscrit dans un contexte régional en pleine mutation, marqué par la signature récente d’un accord de paix historique entre la République démocratique du Congo et le Rwanda.
La tenue de cette audience sur le sol ivoirien n’est pas un hasard. Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire, a souvent servi de cadre à des dialogues diplomatiques cruciaux pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Ici, c’est la diplomatie parlementaire congolaise qui est à l’honneur, avec Aimé Boji Sangara portant la voix de Kinshasa au plus haut niveau. Cette initiative démontre le rôle accru du Parlement congolais dans la politique étrangère du pays, en appui aux efforts du président Tshisekedi pour consolider les alliances stratégiques.
Jacob Helberg, envoyé spécial du président américain Donald Trump, n’a pas caché sa satisfaction à l’issue de l’entretien. “Nous avons échangé sur les priorités de nos deux pays”, a-t-il déclaré, précisant avoir présenté les orientations économiques de l’administration Trump, notamment une nouvelle stratégie nationale récemment publiée. Mais au-delà des discussions économiques, c’est la volonté commune d’élever la relation bilatérale à un niveau supérieur qui ressort. Helberg a évoqué la construction d’un “partenariat global” – ou “comprehensive partnership” – couvrant non seulement l’économie, mais aussi les domaines institutionnels et stratégiques.
Cette annonce intervient à un moment charnière pour la région des Grands Lacs. L’accord de paix entre la RDC et le Rwanda, médiatisé par Washington, a créé une fenêtre d’opportunité pour une stabilisation durable. Les États-Unis, acteur clé dans ce processus, semblent vouloir capitaliser sur cette dynamique pour renforcer leur engagement avec Kinshasa. Mais quels sont les véritables enjeux de ce rapprochement ? Est-ce simplement une question de coopération économique, ou s’agit-il d’une réelle stratégie géopolitique visant à contrer l’influence d’autres puissances dans la région ?
Pour la RDC, ce partenariat bilatéral élargi pourrait signifier un afflux d’investissements américains, un transfert de technologie et un soutien institutionnel. Cependant, les défis restent immenses : corruption, insécurité dans l’Est, et faiblesse des infrastructures. L’administration Trump, connue pour sa politique étrangère pragmatique, attendra probablement des garanties de réformes en échange de son soutien. La rencontre d’Abidjan a peut-être posé les bases de ces négociations futures.
Jacob Helberg a lui-même souligné le caractère prospectif de cet échange : “Ce n’est, à mon avis, que le début d’une conversation de long terme entre nos deux pays, d’une amitié durable et d’un partenariat solide.” Ces mots suggèrent que Washington voit en la RDC un partenaire stratégique à long terme, et non pas seulement un acteur périphérique. Cette vision alignée avec les ambitions de Kinshasa de jouer un rôle leader en Afrique centrale.
En conclusion, la rencontre entre Aimé Boji Sangara et Jacob Helberg à Abidjan est bien plus qu’un simple protocole diplomatique. Elle symbolise l’évolution des relations entre la République démocratique du Congo et les États-Unis dans un contexte post-conflit. Avec l’accord de paix RDC-Rwanda comme toile de fond, cette diplomatie parlementaire active ouvre la voie à un partenariat multidimensionnel. Reste à savoir si les promesses se concrétiseront en actions tangibles pour la population congolaise et la stabilité régionale.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
