Le dernier rapport du Groupe d’experts des Nations unies sur la République démocratique du Congo jette une lumière crue sur les pratiques sécuritaires de Kinshasa dans l’est du pays. Selon ce document, le gouvernement continuerait de s’appuyer sur des forces supplétives, notamment les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP/Wazalendo) et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), pour contrer l’avancée de la rébellion de l’AFC/M23. Cette coopération survient malgré les engagements pris par la RDC dans le cadre des Accords de Washington signés avec le Rwanda sous médiation américaine.
Au cœur du conflit Nord-Kivu, les VDP/Wazalendo et les FDLR restent actifs sur plusieurs fronts, des territoires de Masisi à Rutshuru, en passant par Nyiragongo et Walikale. Le rapport ONU RDC indique que ces groupes occupent souvent la première ligne de défense, en appui aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Depuis juin 2025, des unités VDP/Wazalendo, opérant conjointement avec les FDLR, mènent des incursions et des embuscades contre l’AFC/M23 et les Forces de défense rwandaises (RDF). Leur objectif ? Reprendre des positions stratégiques ou perturber les lignes de ravitaillement adverses.
La structure de commandement des forces supplétives VDP Wazalendo demeure largement inchangée, malgré le ralliement de certains éléments à l’AFC/M23. Des chefs tels que Guidon Shimiray Mwissa ont déplacé leurs quartiers généraux pour contenir l’avancée ennemie. Plus révélateur encore, le rapport révèle que le gouvernement congolais verse mensuellement 300 000 USD aux VDP/Wazalendo par l’intermédiaire du gouverneur du Nord-Kivu. Des rotations d’hélicoptères des FARDC acheminent uniformes, armes, munitions et vivres sur les lignes de front. Un appui aérien et une coopération terrestre directe sont également attestés, brouillant les lignes de commandement et créant une interdépendance opérationnelle croissante.
Cette situation entre en contradiction flagrante avec les Accords de Washington RDC Rwanda, par lesquels Kinshasa s’est engagé à neutraliser les groupes armés tels que les FDLR. Considérées comme une menace par Kigali, les FDLR sont accusées d’être des forces génocidaires et alliées aux FARDC. En échange de leur neutralisation, le Rwanda devait retirer son soutien à l’AFC/M23. Or, le rapport ONU RDC constate que la coopération entre les FARDC et les FDLR perdure, jetant une ombre sur la mise en œuvre des accords.
Face à ces révélations, les FARDC ont récemment lancé un ultimatum aux FDLR, les appelant à se rendre sans condition sous peine d’une offensive militaire. Cette annonce, signée par le général-major Sylvain Ekenge, s’inscrit dans la logique des Accords de Washington. Elle marque un durcissement de la posture sécuritaire congolaise, avec des avertissements aux populations locales et aux militaires contre toute collaboration avec les FDLR. Mais comment concilier cette offensive annoncée avec le soutien documenté par l’ONU ? La question reste en suspens.
Le rapport des experts onusiens dresse un tableau préoccupant de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC. L’utilisation persistante de forces supplétives comme les VDP/Wazalendo et les FDLR dans le conflit Nord-Kivu AFC M23 soulève des interrogations sur la volonté politique de Kinshasa à respecter ses engagements internationaux. Alors que les combats font rage, la communauté internationale observe avec attention les prochains mouvements sur le terrain. La crédibilité des Accords de Washington et la stabilité de la région sont en jeu.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
