La localité de Kimoka, située sur l’axe stratégique Sake–Kitshanga dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu, est plongée dans un climat de terreur. Une recrudescence alarmante d’actes d’insécurité secoue cette communauté, laissant les habitants dans un état de peur constante et d’impuissance. Des hommes armés non identifiés mènent des incursions quasi quotidiennes, transformant la vie en un cauchemar.
Le dernier week-end a été marqué par un épisode d’une brutalité inouïe. Dans la nuit de dimanche à lundi, un adolescent d’environ quinze ans a été sauvagement assassiné et décapité. Son corps a été découvert le lundi matin, abandonné dans la concession de l’ISDR du quartier Butimbika. Originaire du quartier Mayutsa 1, la victime aurait été tuée avant d’être déplacée, selon les informations recueillies localement. Les motifs de ce crime macabre restent une énigme totale, ajoutant à l’horreur de l’acte.
La même nuit a été le théâtre d’une vague de pillages systématiques. Des groupes armés ont investi trois quartiers de Kimoka, forçant une dizaine de maisons. Les assaillants ont emporté tout ce qui avait de la valeur : argent, téléphones portables et autres biens. La violence n’a pas été seulement matérielle ; plusieurs résidents ont été blessés à l’arme blanche lors de ces attaques coordonnées sur l’axe Sake-Kitshanga.
Face à cette spirale infernale, la colère de la population de Sake et des environs ne peut plus être contenue. Mais cette colère est mêlée à une peur viscérale, une peur qui pousse à l’exode. La zone de Kimoka se vide progressivement de ses habitants. Qui peut leur en vouloir de choisir l’exil plutôt que de risquer sa vie chaque nuit ? Comment une communauté peut-elle survivre sous une telle pression ? Cette situation crée une urgence humanitaire et sécuritaire criante dans le territoire de Masisi.
L’impunité semble totale. Ces événements surviennent pourtant seulement trois jours après une opération de bouclage menée par des éléments de l’AFC-M23. Cette opération, présentée comme une mesure de ratissage, avait conduit à l’interpellation d’une douzaine de jeunes dans trois quartiers de Sake. Force est de constater son échec patent à rétablir un semblant d’ordre. Le constat est amer : les actions de sécurité semblent vaines, sans effet notable sur la fréquence ou la brutalité des attaques. Le bouclage de Sake par l’AFC-M23 apparaît, pour l’instant, comme un coup d’épée dans l’eau.
Les sources locales, désemparées, déplorent cette inertie face au danger. L’insécurité à Masisi n’est plus une série d’incidents isolés, mais un phénomène structurel qui mine les fondements de la vie sociale. Les attaques répétées créent un trauma collectif, brisant les liens de voisinage et la confiance dans les institutions. La décapitation d’un adolescent à Masisi symbolise l’effroyable degré de violence atteint.
L’urgence est absolue. Il ne s’agit plus seulement d’interpeller quelques individus, mais de démanteler des réseaux et de rétablir une présence étatique permanente et rassurante. La population est prise en étau entre la menace des hommes armés non identifiés et l’inefficacité des mesures ponctuelles de réponse. La communauté internationale et les autorités nationales peuvent-elles continuer à regarder ailleurs alors qu’une partie du Nord-Kivu sombre dans la barbarie ?
Le besoin est clair : une stratégie coordonnée, robuste et durable est impérative pour protéger les civils et mettre fin à ce cycle infernal de violence. L’axe Sake-Kitshanga, vital pour la région, ne peut rester une zone de non-droit. Le temps n’est plus aux déclarations d’intention, mais à l’action concrète et efficace. La sécurité des Congolais dans leur propre pays n’est pas une option, mais un droit fondamental.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
