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Ituri : Panique au camp Kigonze, 70% des déplacés fuient après un bouclage des FARDC

La situation sécuritaire au camp de déplacés de Kigonze, en Ituri, a atteint un point de rupture. Une vague de panique a poussé près de 70 % des habitants du site à fuir leurs abris précaires, préférant l’incertitude des abris de fortune aux opérations de bouclage menées par les forces armées. Cette exode massive, déclenchée par une récente opération, plonge des milliers de personnes, déjà vulnérables, dans une précarité extrême.

Dans la nuit de dimanche à lundi 8 décembre, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont mené un bouclage sécuritaire au sein même du camp. L’objectif annoncé : traquer des éléments soupçonnés de collusion avec des groupes armés. Trente-huit personnes ont été interpellées, accusées de liens avec la milice CRP. Cette intervention, bien que présentée comme une mesure de sécurité, a eu l’effet d’un tremblement de terre pour les déplacés Ituri.

La peur d’être arrêté de manière arbitraire a été le moteur principal de cette déplacés fuite massive. Environ 12 000 personnes ont immédiatement quitté le site officiel de Kigonze. Beaucoup ont trouvé refuge dans les habitations avoisinantes, tandis que d’autres ont passé la nuit à la belle étoile, sous les arbres ou sur les vérandas de riverains compatissants. Ce repli n’est pas sans conséquence. Les conditions de vie, déjà dramatiques, se sont brutalement détériorées.

Les gestionnaires du site tirent la sonnette d’alarme. Ces familles, explique-t-on, sont désormais exposées sans protection aux intempéries. Leurs maigres moyens de subsistance, leur résilience déjà mise à rude épreuve par des mois, voire des années de déplacement, s’effritent un peu plus. Comment reconstruire une vie quand la peur vous chasse même de votre dernier refuge ? Le site de Kigonze, conçu pour offrir un semblant de sécurité à près de 17 000 âmes, dont une majorité écrasante d’enfants, se vide. Il se transforme progressivement, aux dires de ses occupants, en un lieu « invivable ».

Cette tension croissante n’est pas un épisode isolé. Ces deux derniers mois, environ 80 déplacés ont été interpellés dans le cadre de ces opérations. Si une vingtaine a été relâchée, le sort des autres demeure incertain. Vingt-cinq personnes arrêtées lors d’un précédent bouclage sécuritaire FARDC le mois dernier croupiraient toujours dans les cachots de l’état-major des FARDC à Tsere, sans procès connu. Cette pratique alimente un climat de suspicion généralisée et mine toute confiance entre la population civile déplacée et les autorités censées la protéger.

La situation devient si préoccupante qu’elle a forcé une réaction des autorités locales. Les chefs d’avenue du quartier Mudzi-Pela se sont réunis en urgence ce lundi. L’enjeu de leur discussion était de taille : comment concilier le caractère strictement civil d’un site humanitaire avec les impératifs légitimes de sécurité ? Le camp Kigonze est en effet perçu par certains services de renseignement comme un refuge potentiel pour des criminels se mêlant à la population. Cette perception, si elle justifie une vigilance, peut-elle conduire à des méthodes qui précipitent une crise humanitaire RDC encore plus profonde ?

À ce jour, les autorités compétentes, qu’elles soient militaires, administratives ou gouvernementales, gardent un silence assourdissant. Aucune communication officielle n’a été faite pour expliquer la stratégie derrière ces bouclages, pour garantir le respect des droits des civils, ou pour présenter un plan visant à apaiser les tensions. Ce vide laisse le champ libre aux rumeurs et à la psychose, poussant toujours plus de familles à prendre la fuite.

Les conséquences sont multiples. Sur le plan humanitaire, l’éparpillement des déplacés rend presque impossible toute aide coordonnée en matière de nourriture, de soins de santé ou de scolarisation des enfants. Sur le plan sécuritaire, la fragmentation de la population peut paradoxalement compliquer le travail de filtrage et créer de nouvelles zones d’ombre. Enfin, sur le plan des droits humains, les arrestations massives sans mandat clair et la détention prolongée posent de graves questions.

L’Ituri, province marquée par des cycles de violence persistants, ne peut se permettre une aggravation de la situation dans ses sites de déplacés. La communauté humanitaire appelle à une approche plus nuancée, qui protège à la fois la sécurité collective et les droits individuels des personnes déplacées, premières victimes du conflit. Le défi est immense : rassurer une population traumatisée, tout en assurant la neutralité des espaces humanitaires. L’inaction, ou la répression aveugle, ne ferait qu’alimenter le cycle de la peur et de la violence. La balle est désormais dans le camp des autorités congolaises. Que feront-elles pour empêcher que le refuge ne devienne un piège ?

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net

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