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Tensions Burundi-Rwanda : Bujumbura refuse de retirer ses 15 000 soldats de RDC

Dans une déclaration officielle faite dimanche devant les représentants diplomatiques et les organisations internationales, le ministre burundais des Affaires étrangères, Édouard Bizimana, a lancé une charge virulente contre Kigali. Le Rwanda est accusé de poursuivre des « activités déstabilisatrices » à la frontière avec la République démocratique du Congo, menaçant ainsi la fragile paix dans la région des Grands Lacs. Cette accusation intervient dans un contexte où près de 15 000 soldats burundais sont déployés en sol congolais, une présence militaire que Bujumbura justifie comme essentielle à sa sécurité nationale et qu’il refuse de retirer tant que sa mission ne sera pas « pleinement accomplie ».

Cette nouvelle escalade verbale met en lumière la complexité des alliances et des tensions dans l’est de la RDC. La mission conjointe RDC-Burundi, initialement présentée comme une opération de sécurisation contre des groupes armés, se trouve désormais au cœur d’une tourmente diplomatique plus large. Le ministre Bizimana a catégoriquement rejeté les appels au retrait de ses troupes, affirmant que seule la RDC pouvait prendre une telle décision. Dans le même temps, il a dénoncé ce qu’il appelle des « stratégies de diversion » du Rwanda, l’accusant de violer les accords de cessez-le-feu et de continuer à déployer ses propres soldats et à mener des attaques contre les positions burundaises.

Pour comprendre la profondeur de ces tensions Burundi-Rwanda, il faut remonter à une histoire marquée par des conflits ethniques et des soupçons réciproques d’ingérence. La région frontalière entre la RDC, le Rwanda et le Burundi est un terrain géopolitique volatile, où les intérêts sécuritaires nationaux se mêlent souvent à des agendas transfrontaliers complexes. La présence de milliers de soldats burundais en RDC constitue un facteur majeur dans cette équation. Cette force, déployée dans le cadre d’un accord bilatéral avec Kinshasa, est perçue par Bujumbura comme un bouclier nécessaire pour protéger ses frontières et ses citoyens contre les infiltrations et les attaques.

Cependant, cette logique est vivement contestée. Les accusations portées par le Burundi pointent un doigt direct vers Kigali, alimentant les craintes d’une possible confrontation plus directe. Le ministre a même évoqué un incident spécifique – un bombardement dans la province burundaise de Cibitoke ayant causé la mort d’une femme et d’un enfant – pour illustrer la gravité de la menace. Bien qu’il ait assuré que la sécurité du pays était « pleinement assurée » et appelé les Burundais à ne pas céder à la peur, son discours contenait un avertissement sans équivoque : toute attaque contre des civils ou des soldats burundais « ne sera jamais tolérée ».

Quelles pourraient être les implications de cette rhétorique belliqueuse ? D’une part, elle solidifie la position du Burundi dans son engagement militaire en RDC, rendant tout retrait à court terme improbable sans un changement significatif du contexte sécuritaire. D’autre part, elle isole un peu plus le Rwanda sur la scène diplomatique régionale, le présentant comme un acteur déstabilisateur. La mission conjointe RDC-Burundi, initialement focalisée sur la lutte contre des groupes rebelles, semble de plus en plus redéfinie comme un rempart contre l’influence rwandaise.

La communauté internationale se trouve face à un dilemme familier mais ardu. Comment réagir à des accusations aussi graves dans une région où la vérification des faits sur le terrain est extrêmement difficile ? Les appels du ministre Bizimana à une surveillance accrue des organisations internationales reflètent un désir de légitimation, mais aussi une tentative d’internationaliser le différend. La voie d’une coexistence pacifique, bien que réaffirmée par Bujumbura, paraît singulièrement étroite alors que les troupes sont déployées et que les accusations fusent.

La situation à la frontière RDC-Burundi reste donc un point de friction explosive. La détermination affichée par le Burundi de maintenir ses soldats sur le sol congolais, couplée à ses accusations répétées contre le Rwanda, crée un statu quo dangereux. La mission conjounte est-elle devenue un élément de stabilité ou, au contraire, un facteur d’envenimement des relations régionales ? La réponse à cette question pourrait bien déterminer l’évolution de la sécurité dans les prochains mois en Afrique des Grands Lacs. Pour l’instant, la frontière reste sous haute tension, surveillée par des milliers d’hommes en armes, dans l’attente d’un apaisement qui tarde à venir.

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

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