Un nouveau drame ensanglante la province du Kasaï, illustrant une fois encore la violence destructrice que peuvent engendrer les croyances liées à la sorcellerie. Ce jeudi 4 décembre, le village d’Itanga, situé dans le secteur Sud-Banga du territoire d’Ilebo, a été le théâtre d’une scène de violence extrême. Le calme habituel de cette localité a été brutalement rompu par des actes de vengeance meurtrière, faisant deux victimes et réduisant cinq habitations en cendres.
Le point de départ de cette tragédie est la mort d’un jeune homme. Dans les heures qui ont suivi son décès, des rumeurs et des accusations de sorcellerie ont commencé à circuler, empoisonnant l’atmosphère communautaire. Des proches du défunt, convaincus que sa disparition était le résultat de pratiques occultes, ont désigné une famille voisine comme responsable. La colère, nourrie par la douleur et des croyances ancestrales, a rapidement dégénéré en une expédition punitive d’une rare sauvagerie.
La violence s’est abattue sur le foyer incriminé. Deux membres de cette famille ont été tués, l’un d’entre eux trouvant la mort dans l’incendie criminel qui a été allumé. Les flammes, incontrôlables, n’ont pas épargné les alentours, ravageant totalement cinq maisons et laissant derrière elles un paysage de désolation et de cendres. Ce scénario, malheureusement récurrent dans certaines régions, soulève des questions pressantes sur la persistance de ces fléaux que sont la violence sorcellerie et la justice populaire.
Alertées, les forces de l’ordre se sont déployées sur les lieux pour mettre fin aux hostilités et sécuriser la zone. Leur intervention a permis d’éviter une escalade des violences. Les corps des victimes, qui n’avaient pas encore été inhumés dans la confusion générale, ont été pris en charge. Surtout, deux présumés auteurs de ces actes ont été interpellés et placés en état d’arrestation, selon les informations confirmées par les autorités locales.
Le chef de secteur Sud-Banga, Nestor Muanapunga, a tenu à rassurer la population. Il affirme que la situation est désormais sous contrôle et que la sécurité a été rétablie à Itanga. Cependant, le traumatisme est profond. Les activités socio-économiques, déjà précaires, sont complètement paralysées dans ce village en état de choc. La peur et la méfiance règnent parmi les habitants, qui craignent de nouvelles représailles ou un embrasement similaire.
Cet incendie à Itanga et ces morts à Ilebo viennent rappeler avec force la dangerosité des accusations infondées de sorcellerie. Ces croyances, profondément enracinées, continuent de servir de catalyseur à des cycles de violence dévastateurs, brisant des familles et divisant des communautés entières. Face à cette recrudescence inquiétante, la population du village lance un appel pressant aux autorités. Elle réclame un renforcement permanent de la sécurité dans cette partie du territoire d’Ilebo, mais aussi des actions de sensibilisation et d’éducation pour prévenir de tels dérapages à l’avenir.
Les faits survenus à Itanga dépassent le simple fait divers local. Ils s’inscrivent dans un contexte plus large de défis sécuritaires et sociétaux en République Démocratique du Congo, où la réponse étatique doit souvent composer avec des réalités coutumières complexes. L’efficacité de la justice formelle face à ces crises de crédibilité reste un enjeu majeur. Comment briser le cercle vicieux de la peur et de la vengeance ? La réponse nécessite une approche multidimensionnelle, alliant fermeté judiciaire, dialogue communautaire et développement.
Alors que l’enquête se poursuit pour déterminer les circonstances exactes de cette tragédie, le village tente de panser ses plaies. Le bilan est lourd : deux vies humaines perdues, plusieurs familles sans abri, et une communauté entière marquée par la violence. Cet événement tragique constitue un rappel sombre de l’urgence à agir contre les dynamiques qui alimentent ces épisodes de violence, afin d’éviter que de telles actualités au Kasaï ne se reproduisent.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
