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Catastrophe au Kwilu : Idiofa rongée par l’érosion, une école foudroyée à Kano

Le grondement des averses a cédé la place à un silence lourd de désolation. Dans le territoire d’Idiofa, province du Kwilu, les pluies diluviennes de la semaine dernière ont sculpté un paysage de crise. Les routes, ces artères vitales pour les échanges et le lien social, ne sont plus que des cicatrices dans la terre. Comment des communautés entières peuvent-elles survivre lorsque leur accès au monde se rétrécit jour après jour sous l’effet de l’érosion ? L’histoire qui nous vient d’Idiofa est celle d’une bataille silencieuse contre les éléments, où l’inaction pourrait sceller le destin de villages entiers.

Au chef-lieu même du territoire, le sol se dérobe littéralement sous les pieds des habitants. Les avenues Idiofa, Lubwe et Bolweme, autrefois symboles de mouvement et de vie, sont aujourd’hui grignotées par des failles grandissantes. Mais la menace la plus spectaculaire et angoissante plane sur la route qui relie Idiofa au village de Dibaya-Lubwe. À hauteur du village Bangabanga, une érosion active progresse avec une détermination implacable, menaçant de couper ce cordon ombilical. L’image est forte : une communauté sur le point d’être isolée, son sort suspendu à la fragilité d’une route qui se fissure.

L’isolement n’est plus une hypothèse pour certains. Les petits séminaires Laba et Banga, lieux de formation et d’éducation pour la jeunesse locale, sont devenus des îles inaccessibles. « Le petit séminaire Laba, mission Laba centrale, sont devenus inaccessibles, la route est coupée, on n’a pas accès sur un petit véhicule pour y arriver », témoigne Arsène Kasiama, coordonnateur de la Nouvelle Société civile locale. Sa voix porte l’urgence de la situation. Que signifie l’avenir pour une région où même les centres de savoir sont rendus hors d’atteinte par les dégâts des pluies en RDC ?

Le tableau le plus apocalyptique se dessine à Dibaya-Lubwe. Ici, ce ne sont pas seulement des routes qui sont menacées, mais l’existence même de la cité. Cinq têtes d’érosion, véritables serpent de terre, montent vers les habitations, avalant tout sur leur passage. Le constat d’Arsène Kasiama est sans appel : « Dibaya risque de disparaître si nous ne faisons pas attention. » Son cri d’alarme, lancé aux élus et au gouvernement, réclame des « gros moyens, des engins pour remblayer ». Face à l’érosion à Idiofa, les solutions artisanales ne suffisent plus. Il faut une mobilisation à la hauteur du désastre, une intervention qui semble pourtant se faire attendre, laissant les habitants en proie à un sentiment d’abandon croissant.

Alors que le territoire d’Idiofa lutte contre l’inaccessibilité et la disparition programmée de ses terres, une autre tragédie, foudroyante celle-là, est venue frapper la région voisine. Au chef-lieu du territoire de Masi-Manimba, l’école primaire Kano a été le théâtre d’un drame insoutenable. En pleine classe, la foudre est tombée, tranchant des vies dans un instant de terreur. Quatre élèves ont été fauchés, huit autres blessés. Comment une communauté peut-elle se remettre d’un tel choc ? Le foudroiement à l’école Kano est un rappel brutal que les catastrophes naturelles frappent sans discrimination, transformant les lieux les plus innocents en scènes de horror.

Ces événements, de l’érosion galopante aux pluies torrentielles au Kwilu, dessinent une carte de la vulnérabilité congolaise face aux aléas climatiques. Ils interrogent notre préparation collective et l’état de nos infrastructures. L’inaccessibilité d’Idiofa n’est pas un simple inconvénient ; c’est une condamnation à l’enclavement pour des milliers de personnes, compromettant l’accès aux marchés, aux soins de santé et à l’aide d’urgence. Les dégâts pluies RDC, récurrents, appellent à une réflexion bien plus profonde que la simple réparation. Ne faut-il pas repenser l’aménagement du territoire, investir dans des systèmes de drainage et de prévention, plutôt que de toujours courir après les catastrophes ?

Les visages de cette crise sont multiples : un coordinateur de la société civile qui lance un SOS, des séminaristes coupés du monde, des familles de Dibaya-Lubwe qui regardent avec effroi la terre se fissurer sous leurs maisons, et des parents à Masi-Manimba en deuil de leurs enfants. Ces histoires, prises ensemble, racontent une région en souffrance, dont la résilience est poussée à ses limites. La solidarité nationale et l’action décisive des autorités provinciales et nationales ne sont pas une option, mais une nécessité absolue. Le temps n’est plus aux diagnostics, mais aux actes. Car chaque jour qui passe sans intervention concrète aggrave l’érosion, l’isolement et la détresse humaine.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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