De violents combats ont éclaté aux premières lueurs de ce lundi 8 novembre à Kinyumba, localité située à environ 10 kilomètres au nord de Nyabiondo, dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu. Selon des sources locales, les affrontements M23 opposent depuis 5 heures du matin les rebelles de l’AFC/M23 aux groupes d’autodéfense communautaire, les wazalendo. Le bruit sourd des armes lourdes et les crépitements d’armes légères ont réveillé les populations, plongeant la zone dans un climat de terreur et d’incertitude.
Ces affrontements M23 s’inscrivent dans un regain de tensions dans la région. Les sources indiquent que les rebelles, qui avaient perdu le contrôle de Kinyumba il y a deux semaines au profit des wazalendo, tentent par cette offensive de reprendre cette entité stratégique. La bataille pour le contrôle de ce point fait rage, illustrant la volatilité extrême de la situation sécuritaire dans cette partie de la province. Ces Nord-Kivu combats rappellent la fragilité des avancées sécuritaires et la détermination des différents groupes armés à maintenir leur emprise sur le terrain.
L’intensité des échanges de tirs a des conséquences immédiates et palpables sur la vie civile et la logistique. L’une des retombées les plus directes de ces violences est la coupure totale du trafic sur l’axe Nyabiondo-Pinga. Cette route vitale pour le désenclavement et l’approvisionnement des localités est désormais impraticable, isolant davantage les communautés et compliquant toute intervention humanitaire éventuelle. Le blocage de cet axe majeur paralyse l’économie locale et accentue le sentiment d’isolement des populations prises au piège du conflit.
La situation sur place est décrite comme extrêmement tendue. Les habitants de Kinyumba et des environs sont confinés chez eux, dans l’impossibilité de vaquer à leurs occupations habituelles. Le spectre des déplacements de population plane à nouveau, alors que de nombreuses familles dans la région ont déjà connu l’exode à plusieurs reprises. Ces combats entre le M23 et les wazalendo soulèvent des questions cruciales sur la protection des civils, premiers payeurs des affrontements entre belligérants. Jusqu’où cette escalade peut-elle aller ? La communauté locale est-elle condamnée à subir cycliquement ce cycle infernal de violence ?
Les informations en provenance de la zone restent parcellaires en raison de l’insécurité et des difficultés d’accès pour les observateurs indépendants. Le bilan humain de ces affrontements n’est pas encore connu, mais la violence des engagements laisse craindre le pire. Les services médicaux locaux se préparent-ils à recevoir des victimes ? Les autorités provinciales et la Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO) sont-elles en alerte pour intervenir ou sécuriser les périmètres ? Autant d’interrogations qui restent, pour l’instant, sans réponse claire.
Cet épisode violent à Kinyumba s’inscrit dans un contexte plus large d’instabilité chronique au Nord-Kivu, où plusieurs groupes armés se disputent le contrôle des ressources et du territoire. La reprise des affrontements M23 dans ce secteur précis interroge sur la stratégie du mouvement rebelle et sa capacité à ouvrir ou maintenir des fronts simultanés. Elle met également en lumière le rôle complexe et parfois controversé des wazalendo, ces milices d’autodéfense dont l’action est à la fois saluée par certaines communautés pour leur résistance et critiquée pour les risques de dérives.
La coupure de l’axe Nyabiondo-Pinga aura des répercussions au-delà de la zone immédiate des combats. Elle affecte la circulation des personnes, des biens et potentiellement le déploiement des forces de sécurité. La sécurisation des axes de communication est un enjeu majeur pour la stabilité de la région. Le rétablissement de la libre circulation sur cette route sera un premier indicateur concret d’un apaisement de la situation.
Dans l’attente d’un éventuel dénouement, la priorité absolue demeure la sécurité des civils pris au milieu des lignes de front. Les appels au respect du droit international humanitaire, qui impose la protection des non-combattants, résonnent une fois de plus dans une région meurtrie par des décennies de conflits. Les Nord-Kivu combats de ce jour rappellent avec amertume l’urgence d’une solution politique durable pour toute l’est de la République Démocratique du Congo, sans laquelle aucun cessez-le-feu ne sera jamais définitif. La communauté internationale, souvent accusée de passivité, suivra-t-elle ces événements avec l’attention qu’ils méritent ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
