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Mutuelle santé fantôme à Rutshuru : les enseignants explosent face aux retenues salariales abusives

Imaginez vous lever chaque matin, préparer vos cours avec la même dévotion, former l’avenir d’une nation en pleine reconstruction, et constater sur votre fiche de paie une retenue injustifiée, mois après mois, année après année. C’est le quotidien amer que vivent des centaines d’enseignants Rutshuru dans le Nord-Kivu. Samedi dernier, leur colère, longtemps contenue, a enfin trouvé une voix collective. Le cœur du problème ? Une contribution à une mutuelle santé enseignants Nord-Kivu qui, bien que prélevée sur leurs salaires déjà modestes, reste lettre morte, un mirage administratif qui les prive de soins essentiels.

« Nos camarades à Goma, eux, bénéficient de soins gratuits après avoir cotisé 5 000 francs congolais. Nous, à Rutshuru, nous payons mais nous n’avons rien en retour. Absolument rien. » Le témoignage de Félix Gakiza, porte-parole de l’Intersyndical, résume une injustice qui crispe toute une profession. Pire encore, au lieu de voir la situation s’améliorer, les retenue salariale enseignants ont récemment été alourdies, passant de 5 000 à 7 000 FC par mois. Comment expliquer une telle décision alors que le service attendu n’existe toujours pas ? Cette augmentation unilatérale a été vécue comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase, transformant un mécontentement latent en une vive protestation enseignants RDC.

La logique est simple, et pourtant si difficilement entendue par les autorités : on ne peut exiger une cotisation pour un service qui n’est pas rendu. Les enseignants refusent désormais de « financer un système dont ils sont exclus ». Cette phrase, martelée lors des assemblées, sonne comme un principe de dignité élémentaire. Que devient la promesse de solidarité et de protection sociale quand elle se transforme en un prélèvement pur et simple, sans la moindre contrepartie tangible ? L’Intersyndical Rutshuru ne s’y trompe pas et a posé un ultimatum clair : la mise en service immédiate de la mutuelle de santé ou l’arrêt immédiat et pur et simple de ces retenues sur salaire.

Face à cette fronde, la réponse des instances nationales se pare souvent des atours de la patience. On explique que la mutuelle, active à Goma, connaît un déploiement « progressif » vers les autres territoires. Mais cette notion de « progressivité » sonne creux pour un enseignant de Rutshuru dont l’enfant est malade et qui doit choisir entre acheter des médicaments ou nourrir sa famille. La patience a ses limites, surtout quand elle est à sens unique et qu’elle pèse toujours sur les mêmes épaules. Peut-on vraiment demander aux éducateurs d’une région en proie à tant de défis de continuer à croire en des promesses qui tardent tant à se concrétiser ?

Cette affaire dépasse le simple contentieux administratif. Elle touche à la confiance, au contrat social fondamental entre l’État et ses serviteurs. Les enseignants sont les piliers souvent invisibles de la stabilité et du développement. Quand leur droit le plus basique – celui d’être soigné – est bafoué par le système même auquel ils contribuent, c’est tout l’édifice éducatif qui tremble. La colère de Rutshuru est un signal d’alarme. Elle révèle une fracture territoriale dans l’accès aux droits, où le sort d’un fonctionnaire dépend trop souvent de son lieu d’affectation. Jusqu’où peut-on étirer l’élastique de la patience avant qu’il ne casse, emportant avec lui la motivation et l’espoir de toute une profession ?

La balle est désormais dans le camp des décideurs. La solution ne peut être un simple appel au calme. Elle doit être concrète, rapide et équitable. Soit la mutuelle devient une réalité pour tous les enseignants du Nord-Kivu, sans distinction, soit le prélèvement cesse. Dans un pays où l’éducation est présentée comme une priorité absolue, il est grand temps que ceux qui la portent au quotidien cessent d’être traités en citoyens de seconde zone. L’enjeu, finalement, n’est pas seulement financier. Il est éthique et politique. Il en va de la crédibilité même des engagements de l’État envers ses agents et, in fine, envers l’avenir de la nation.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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