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Samuel Mbemba à Bruxelles : la bataille pour la reconnaissance du génocide congolais s’internationalise

La bataille pour la reconnaissance internationale du génocide congolais a trouvé, ce samedi 6 décembre, une nouvelle tribune en terre européenne. Après Kinshasa, le ministre des Droits humains, Samuel Mbemba, a porté le dossier à l’Université libre de Bruxelles (ULB), orchestrant un forum qui dépasse la simple vulgarisation pour s’apparenter à une manœuvre diplomatique de haut vol. Dans l’amphithéâtre de l’ULB, face à un parterre d’étudiants congolais et de sympathisants, le ministre a déployé une rhétorique aussi ferme que calculée, transformant l’enceinte académique en prétoire d’une cause dont l’issue pourrait reconfigurer les équilibres régionaux.

Le thème, « Reconnaître le génocide congolais, un impératif pour la justice internationale », n’est pas anodin. Il place d’emblée le débat sur le terrain du droit et de la morale, obligeant la communauté internationale à une forme de reddition des comptes. Samuel Mbemba, en stratège avisé, a savamment construit son argumentaire. Il ne s’agit plus seulement d’émouvoir, mais de convoquer des faits établis : les résolutions de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) et le plaidoyer de la société civile africaine sont brandis comme les premiers jalons d’une victoire politique en devenir. Le ministre joue ici un jeu subtil, utilisant les institutions panafricaines comme levier pour forcer la main aux instances globales.

L’élément le plus significatif de son discours reste l’évocation de l’accord de paix signé entre la RDC et le Rwanda sous médiation américaine à Washington. En saluant ce texte, Samuel Mbemba y voit bien plus qu’un traité de non-agression. Pour le membre du gouvernement Suminwa, cet accord contiendrait les germes d’une obligation : celle pour Kigali de « respecter ses engagements ». Une formule diplomatique qui, décryptée, signifie la fin de l’impunité et l’ouverture effective de la voie vers une justice transitionnelle en RDC. Cette affirmation, lancée à Bruxelles, capitale européenne, n’est pas sans arrière-pensée. Elle vise à internationaliser la pression sur le Rwanda, en faisant de la paix un préalable non négociable à la vérité.

Mais cette offensive de charme sur le sol belge révèle aussi les limites et les attentes. L’appel du ministre à ce que l’assistance « s’approprie le combat » souligne une réalité : malgré les avancées institutionnelles, la reconnaissance du génocide congolais peine à franchir le cercle des initiés et des militants. La réaction d’une étudiante congolaise de l’ULB, encourageant ses pairs à tout mettre en œuvre pour une reconnaissance au niveau international, est à cet égard symptomatique. Elle traduit la vitalité d’une diaspora déterminée, mais aussi la frustration face à la lenteur des procédures onusiennes.

En parallèle, la mobilisation annoncée des confessions religieuses en RDC – catholiques, protestants et autres pasteurs – pour soutenir les résolutions affirmant l’existence du génocide ajoute une dimension sociétale cruciale à ce combat. Cette alliance inédite entre l’État, la société civile africaine, la diaspora et maintenant les leaders religieux dessine les contours d’une stratégie multidimensionnelle. Samuel Mbemba parvient-il, par ce forum bruxellois, à consolider un front uni ? Ou cette multiplication des acteurs risque-t-elle de diluer le message et d’offrir des prises à des instrumentalisations politiques internes ?

La suite des événements se jouera sur deux tableaux. D’abord, la capacité de la diplomatie congolaise à transformer l’élan de Bruxelles en soutiens concrets au sein des capitales européennes et à l’ONU. Ensuite, la mise en œuvre effective de la justice transitionnelle promise, pierre de touche de toute cette entreprise. Si les mots du ministre à l’ULB ont le mérite de poser les enjeux avec clarté, ils engagent désormais son gouvernement. L’échec à traduire dans les faits les promesses de Washington et de Bruxelles pourrait être perçu comme une manipulation cynique de la mémoire des victimes, fragilisant durablement la crédibilité de l’exécutif. La balle est désormais dans le camp des institutions internationales : sauront-elles entendre l’appel lancé depuis les amphithéâtres belges et reconnaître ce qui, pour beaucoup de Congolais, est une évidence historique ?

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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