Alors que l’instabilité persiste dans l’Est de la République Démocratique du Congo, la quête de partenariats stratégiques pour la modernisation des Forces Armées (FARDC) prend une nouvelle dimension. En marge de la prestigieuse édition 2025 de l’Egypt Defence Expo (EDEX), une rencontre de haut niveau a scellé la volonté des deux nations d’intensifier leur collaboration militaire. Cette démarche s’inscrit dans un cadre bilatéral solide, renforcé par des visites présidentielles récentes et un protocole de coopération signé en 2022.
Le Vice-Premier Ministre, Ministre de la Défense nationale et des Anciens Combattants, Guy Kabombo, s’est entretenu au Caire avec le Général Abdel Mageed Saqr, Commandant en chef des forces égyptiennes et ministre de la Défense. Les échanges ont porté sur la concrétisation des engagements pris pour soutenir la reconstruction et la modernisation des FARDC. L’Égypte, dont l’armée est considérée comme une référence en matière de professionnalisation sur le continent, a réaffirmé sa disponibilité totale à accompagner ce processus crucial pour la stabilité de la RDC.
Cette coopération militaire RDC Égypte ne date pas d’hier. Elle repose sur des liens historiques et a été formellement relancée sous le premier mandat du Président Félix Tshisekedi. Le protocole de coopération en matière de défense, signé à Kinshasa le 25 mai 2022, en a jeté les bases juridiques. La rencontre au Caire visait précisément à donner une impulsion opérationnelle à cet accord, dans un contexte sécuritaire congolais des plus tendus. Mais que peut réellement apporter un tel partenariat face aux défis immédiats ?
Les deux parties se sont accordées pour intensifier les échanges techniques au sein d’une Commission militaire mixte. L’objectif est clair : évaluer les besoins prioritaires des FARDC. La formation spécialisée des troupes, l’appui technique, le renforcement des capacités opérationnelles et, surtout, la modernisation des équipements figurent au cœur des discussions. Cette approche méthodique, passant par une commission conjointe, suggère une volonté de construire un partenariat sur-mesure et durable, plutôt que de se limiter à des transactions ponctuelles.
Pour le ministre Guy Kabombo, l’expérience égyptienne dans la construction d’une armée moderne est un atout incontestable. « Le gouvernement congolais exprime sa reconnaissance pour l’appui constant de l’Égypte », a-t-il déclaré, soulignant le caractère « respectueux et bénéfique pour les deux États » de ce cadre bilatéral. Cette visite fait suite au séjour du Président Tshisekedi au Caire, quelques semaines plus tôt, sur invitation de son homologue le Président Abdel Fattah al-Sissi, démontrant une dynamique diplomatique soutenue entre Kinshasa et le Caire.
La prochaine étape tangible de ce rapprochement sera la tenue à Kinshasa, au premier trimestre 2026, de la session du Dialogue stratégique RDC-Égypte. Ce rendez-vous politique de haut niveau permettra d’évaluer les engagements en cours et de définir les orientations futures de la coopération dans son ensemble, dépassant le seul volet militaire. Le ministère de la Défense nationale congolais a profité de l’occasion pour réaffirmer une doctrine de partenariat ouverte : la coopération militaire de la RDC se construit « dans un esprit d’ouverture et de complémentarité avec l’ensemble de ses partenaires », dans le strict respect de la souveraineté nationale.
L’événement hôte de cette rencontre, EDEX 2025, n’est pas anodin. Ce salon, présenté comme le principal événement de défense couvrant l’Afrique et le Moyen-Orient, a offert un cadre idéal pour ces pourparlers. Il a permis aux dirigeants congolais de prendre la mesure des dernières technologies et systèmes disponibles sur le marché mondial de la défense, éclairant ainsi les discussions sur les besoins en équipements. La présence du ministre Guy Kabombo à un tel forum envoie également un signal fort sur la détermination de la RDC à professionnaliser son outil de défense.
Au final, cette rencontre bilatérale dépasse le simple fait diplomatique. Elle matérialise une orientation stratégique de la RDC qui, tout en gérant l’urgence sécuritaire à l’Est, travaille à structurer des alliances durables pour la refonte de son armée. Le partenariat avec l’Égypte, riche de son expérience et de ses capacités industrielles, pourrait servir de modèle. La réussite de cette coopération militaire se mesurera à sa capacité à traduire les déclarations d’intention en programmes concrets de formation, d’équipement et de soutien opérationnel, contribuant ainsi à restaurer l’autorité de l’État et la sécurité des populations congolaises. L’avenir de ce rapprochement stratégique sera scruté à la lumière des décisions qui émaneront du prochain dialogue de Kinshasa.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
