L’Assemblée provinciale du Kasaï a franchi une étape institutionnelle majeure ce vendredi 5 décembre 2025, en déclarant recevable le projet d’édit budgétaire pour l’exercice 2026. Ce document, évalué à la somme colossale de plus de 674 milliards de francs congolais, représente désormais l’alpha et l’oméga des ambitions du pouvoir exécutif provincial pour l’année à venir. Présenté par le gouverneur Crispin Mukendi Bukasa, ce budget se veut l’instrument exclusif de la mise en œuvre des projets de développement provincial. Mais au-delà des déclarations d’intention, quelle réalité concrète ce montant pharaonique recouvre-t-il véritablement pour les populations du Kasaï ?
La procédure, encadrée par le président de l’Assemblée Alain Tshisungu Ntumba, a suivi son cours protocolaire. Après une présentation en séance plénière, le dossier a été transmis, comme le veut la coutume parlementaire, à la commission économique, financière et contrôle budgétaire pour une analyse approfondie. Cette phase de débats en commission est souvent le théâtre des véritables arbitrages, loin des caméras. Les députés, selon nos informations, ont d’ores et déjà formulé des recommandations préalables à l’adoption de la recevabilité. Le gouverneur Mukendi Bukasa joue gros avec cette réforme budgétaire, dont l’échec ou les retards en commission pourraient fragiliser durablement sa feuille de route et révéler les premières fissures au sein de la majorité provinciale.
La question centrale qui plane sur cet édit budgétaire 2026 reste celle de son adéquation avec les besoins criants de la province. Un budget est avant tout un acte politique, une traduction financière des priorités. À en croire les déclarations du gouverneur, les 674 milliards FC seraient entièrement dédiés au développement. Mais l’histoire récente des finances publiques RDC nous enseigne la prudence. L’écart entre les projections optimistes des édits budgétaires et l’exécution réelle, souvent tronquée par des recettes en deçà des attentes ou des détournements, est un syndrome bien connu. L’Assemblée provinciale Kasaï, dans son rôle de contrôle, saura-t-elle imposer une transparence et un suivi rigoureux de l’exécution de chaque ligne ?
L’analyse des orientations de ce budget 2026 Kasaï sera cruciale. Seront-elles axées sur les infrastructures structurantes, la santé, l’éducation, ou bien verra-t-on une reproduction des schémas passés, avec une part disproportionnée allouée au fonctionnement au détriment des investissements ? La commission parlementaire devra décortiquer chaque poste de dépense. La suspension de la séance plénière, annoncée par le président Tshisungu Ntumba pour la poursuite des travaux en commission, n’est donc qu’un intermède avant le cœur du processus législatif. C’est dans ce cénacle que se jouera la crédibilité réelle de ce projet.
Le gouverneur Crispin Mukendi Bukasa place manifestement cet édit au centre de son mandat. Il en a fait un « outil clé », selon ses propres termes. Une telle affirmation engage sa responsabilité politique devant les députés et, in fine, devant les citoyens. La réception de ce budget par la population, souvent sceptique face aux annonces chiffrées, dépendra de sa capacité à générer des changements visibles sur le terrain. Les métaphores politiques abondent pour décrire ce genre d’exercice : « feuille de route », « boussole », « contrat avec la population ». Reste à savoir si cet instrument naviguera vers le développement ou s’échouera sur les écueils de la mauvaise gouvernance.
Les prochains jours, voire les prochaines semaines, seront déterminants. Les débats en commission économique et financière promettent d’être animés. Les recommandations des députés, encore non rendues publiques dans le détail, laissent présager des ajustements. L’enjeu pour la majorité provinciale est de parvenir à un consensus sans vider le texte de sa substance, tandis que l’opposition pourrait y voir une occasion de marquer des points en exigeant plus de rigueur et d’équité. La gestion des finances publiques RDC au niveau provincial est un test de maturité démocratique. Le Kasaï, par la taille ambitieuse de son budget, s’offre en laboratoire. L’adoption définitive de l’édit, après son passage en commission, sera le premier vrai indicateur de la solidité de la coalition au pouvoir et de la priorité réelle accordée au développement. Le compte à rebours est lancé.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
