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Contrôle technique motos Kinshasa : tarif baissé, tracasseries maintenues ?

« Ils m’ont arrêté, disant que mon certificat n’était pas valable. Ils voulaient 50 dollars sur place, sans quoi ils gardaient la moto. J’ai dû négocier jusqu’à 20 dollars, une somme que je n’avais pas prévue pour ce mois-ci. » Le témoignage d’Alain, moto-taximan à Matete, résume le calvaire vécu par des centaines de conducteurs depuis le lancement du contrôle technique obligatoire à Kinshasa. Une initiative destinée à sécuriser les routes, mais rapidement pervertie en une source de tracas et d’extorsion pour de nombreux usagers. Dans ce climat tendu, une annonce du ministère provincial des transports vient secouer le paysage : le coût du contrôle technique pour les motos est réduit de 45%, passant de 54 à 30 dollars américains. Une décision saluée, mais qui suffira-t-elle à restaurer la confiance et à atteindre l’objectif premier : la sécurité routière ?

Cette réduction tarifaire du contrôle technique, obtenue après pression des organisations de motocyclistes, est actée par un communiqué officiel. Le montant unique de 30 dollars inclut désormais les frais de passage dans un centre agréé et la délivrance du précieux certificat de conformité moto. Les autorités provinciales en charge des Transports et de la Mobilité Urbaine y voient une mesure incitative. « Le Ministère encourage les propriétaires de motos, tout comme ceux de véhicules, à soumettre leurs engins au contrôle technique dans les Centres Techniques agréés par la Ville de Kinshasa, dans l’objectif d’assurer la sécurité routière et une meilleure fluidité du trafic à Kinshasa », peut-on lire dans le document. Un discours volontariste qui cherche à promouvoir une culture de la maintenance et de la conformité des véhicules, essentielle dans une mégalopole où les accidents sont fréquents.

Pourtant, sur le terrain, l’enthousiasme est mitigé. Si la baisse du coût du contrôle technique est perçue comme un soulagement financier pour une profession souvent précaire, elle ne fait pas oublier les dérives observées depuis novembre. L’opération, censée être un levier de sécurité, s’est transformée en un prétexte pour certains agents des forces de l’ordre. L’image, devenue virale il y a quinze jours, montrant des policiers de la circulation rudoyer un conducteur pour lui réclamer une somme exorbitante, a cristallisé le mécontentement. « On nous parle de réduction, c’est bien. Mais qui nous garantit que sur la route, on ne nous harcèlera plus pour d’autres prétextes ? », interroge José, président d’une association de motards dans la commune de Limete. La peur des tracasseries policières reste un frein psychologique majeur, indépendamment du tarif affiché.

Le timing de l’opération suscite également l’incompréhension. Pourquoi imposer un contrôle technique en fin d’année, période déjà financièrement difficile pour de nombreuses familles ? « C’est inconcevable. Avec quel argent ? En plus, l’état des routes à Kinshasa est tellement délabré que c’est parfois plus dangereux pour la moto que son propre état mécanique », s’insurge une conductrice rencontrée à Ngaba. Cette contradiction interpelle : peut-on exiger des véhicules en parfait état de circuler sur des infrastructures défectueuses ? La question de la sécurité routière en RDC ne saurait se limiter au seul contrôle technique ; elle nécessite une approche globale incluant l’entretien des voiries et une éducation des usagers.

L’enjeu dépasse donc la simple réduction tarifaire du contrôle technique. Il touche à la crédibilité des institutions et à la relation entre l’État et les citoyens. Pour que cette mesure en faveur du transport urbain à Kinshasa porte ses fruits, elle doit s’accompagner d’une supervision stricte des centres agréés et d’une formation des forces de l’ordre pour mettre fin aux abus. La délivrance du certificat de conformité doit être un acte administratif transparent, et non une source de corruption. La sécurité routière à Kinshasa est un impératif collectif. Elle ne pourra être atteinte que par une application juste et équitable des règles, dans l’intérêt de tous les usagers de la route. La balle est désormais dans le camp des autorités pour prouver que cette baisse de prix n’est pas un simple ajustement comptable, mais le premier pas vers un système de contrôle technique digne de confiance.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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