Ce jeudi 4 décembre, le gouverneur de la ville de Kinshasa, Daniel Bumba, a effectué une descente sur le terrain pour inspecter les récents travaux routiers à Kinshasa. L’objet de sa visite : les avenues Kwilu, Manzengele et Kimwenza, dans la commune de Makala, désormais dotées d’un revêtement en béton achevé. Une opération qui s’inscrit dans le cadre du programme provincial « Kinshasa Ezo Bonga » et qui vise, sur le papier, à lutter contre les embouteillages à Makala et ailleurs dans la capitale. Mais au-delà de l’inauguration, quelle est la portée réelle de ces infrastructures pour une commune longtemps laissée à l’abandon ?
La boucle Kwilu–Manzengele, longue de 2,6 kilomètres, et l’avenue Kimwenza sur 2,8 kilomètres, ont été intégralement bétonnées. Selon les services techniques provinciaux, seuls le marquage au sol et l’installation de l’éclairage public restent à réaliser, ce qui devrait être fait dans les prochains jours. Cette réalisation est présentée comme une première pour Makala, qui n’avait jamais bénéficié d’infrastructures routières de cette envergure. L’inspection de Daniel Bumba sur ces avenues Kwilu Manzengele bétonnées a donc été l’occasion pour le gouverneur de se féliciter de la « matérialisation de la vision du président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi ».
« Ces ouvrages vont transformer le visage de Makala et contribuer significativement à la réduction des embouteillages », a déclaré le gouverneur devant des habitants venus en nombre. Il a aussitôt appelé les riverains à « protéger et préserver ces nouvelles infrastructures », un discours devenu classique lors de la livraison de travaux publics, mais dont l’efficacité reste à prouver face aux habitudes de stationnement anarchique et au manque d’entretien. Par ailleurs, Daniel Bumba a annoncé le lancement prochain d’autres chantiers, notamment sur les avenues Mopulu et Kifumu, qui relient la route Elengesa à l’avenue de l’Université. Une manière d’étendre le réseau et, peut-être, de préparer le terrain pour de futures visites tout aussi médiatisées.
Plus tôt dans la journée, le gouverneur s’était rendu sur le chantier de reconstruction du pont Victoire, sur la rivière Kalamu, près de l’école de Navigation. Ce projet, d’une durée estimée à quatre mois, ambitionne de fluidifier la circulation et de mettre fin aux inondations récurrentes dans ce secteur. Là encore, l’objectif affiché est d’améliorer la mobilité urbaine, mais on peut s’interroger sur la coordination de ces différents projets et leur intégration dans une politique globale de transport. Kinshasa Ezo Bonga sonne bien, mais sa traduction concrète se heurte à l’étendue des besoins et aux contraintes budgétaires.
Analysons la stratégie sous-jacente. Dans un contexte où la gestion urbaine est souvent pointée du doigt, Daniel Bumba use de ces inaugurations pour afficher une dynamique de progrès. Les travaux routiers à Kinshasa deviennent ainsi un outil de communication politique, voire de légitimation. Le choix de Makala, commune populaire et densément peuplée, n’est pas anodin : il s’agit de toucher un large électorat et de montrer que l’exécutif provincial agit jusque dans les quartiers périphériques. Cependant, la multiplication des annonces de chantiers ne doit pas faire oublier les délais parfois longs et les priorités qui peuvent sembler discutables. Pourquoi ces avenues-ci et pas d’autres ? La réponse tient souvent à des considérations à la fois techniques et politiques.
Reste la question de l’impact réel sur la circulation. Les embouteillages à Makala sont-ils appelés à disparaître grâce à ces 5,4 kilomètres de béton ? Rien n’est moins sûr. L’expérience kinusoise montre que l’amélioration ponctuelle d’un axe déplace souvent les goulots d’étranglement ailleurs, en l’absence d’un plan de circulation d’ensemble. La fluidité promise par Kinshasa Ezo Bonga nécessiterait des interventions systémiques, incluant le transport en commun et la régulation du trafic, encore peu visibles dans les annonces officielles.
En définitive, cette inspection de Daniel Bumba à Makala est un épisode de plus dans la saga des infrastructures urbaines. Elle met en lumière les efforts – réels – de la province, mais aussi les limites d’une approche essentiellement centrée sur le béton. Les prochains mois diront si ces travaux s’accompagnent d’une maintenance durable et d’une planification intégrée. En attendant, le gouverneur peut compter sur ces réalisations pour nourrir son bilan, tandis que les usagers attendent de voir si leur quotidien s’en trouve véritablement amélioré. La route vers une Kinshasa décongestionnée est encore longue, et elle ne se pave pas seulement de bonnes intentions.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
