Les opérations de désarmement et de démobilisation des miliciens Mobondo, redoutés pour leurs incursions violentes, ont officiellement débuté dans la cité de Mbakana, située dans les collines de la vaste commune de Maluku, à Kinshasa. Cette initiative cruciale, placée sous le haut patronage du vice-premier ministre chargé de l’Intérieur et de la Sécurité, Jacquemain Shabani, vise à neutraliser et réintégrer pas moins de 3000 combattants de ce groupe armé. Ces miliciens sont tenus pour responsables de nombreuses tueries ayant ensanglanté ce secteur périphérique de la capitale congolaise, plongeant les populations dans un cycle infernal de peur et d’insécurité.
Le choix du site de Mbakana pour le lancement de ces activités de désarmement Mobondo n’est pas anodin. Dans un discours empreint de solennité, Jacquemain Shabani a martelé que « la paix doit se construire là où les communautés vivent, travaillent et espèrent bâtir leur avenir ». Le patron de la sécurité nationale a ainsi placé la réconciliation au cœur du processus, invitant toutes les couches sociales à soutenir cette initiative salutaire. Ces opérations de sécurité à Mbakana représentent, selon ses termes, une « seconde chance » offerte aux combattants, celle de se réinsérer dans le tissu social et de permettre aux familles déchirées par la violence de se retrouver.
« Ce processus est une seconde chance, celle de réintégrer vos communautés, de retrouver vos familles et de leur prouver que vous êtes capables de devenir des acteurs de développement, de paix et de sûreté dans la communauté, en toute dignité et en toute sécurité. La République ne vous rejette pas, elle vous appelle à revenir, à déposer les armes et à choisir la paix », a déclaré le vice-premier ministre. Un message fort directement adressé aux miliciens Kinshasa, les exhortant à tourner la page des armes. Il a parallèlement encouragé les communautés locales à une collaboration étroite avec le Programme de désarmement, démobilisation, Relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS), l’armée et la police, piliers essentiels de cette opération d’envergure.
Au-delà du simple retrait des armes, l’accent est mis sur l’accompagnement psychosocial et économique des ex-combattants. Jacquemain Shabani a lancé un appel poignant aux communautés pour qu’elles accueillent ces derniers dans leur retour à la vie civile, privilégiant la paix sur la vengeance. Comment reconstruire la cohésion sociale sans un tel effort de pardon et de dialogue ? La contribution active des populations est présentée comme indispensable à la résolution pacifique des conflits et à la renaissance d’une société apaisée.
Jean de Dieu Désiré Ntanga Ntita, coordonnateur national du P-DDRCS RDC, a ensuite pris la parole pour souligner la dimension historique de ce lancement. Il a estimé qu’il était grand temps que « la restauration et la renaissance tant attendues par la population arrivent, avec le lancement officiel de ces opérations de désarmement et de démobilisation à Mbankana pour la reconstruction de notre pays ». Pour lui, le désarmement des miliciens Mobondo « n’est pas seulement une opération technique, mais un acte patriotique, un pas vers la réconciliation et la reconstruction nationale. »
Le message du coordonnateur du P-DDRCS est clair : briser les cycles de la violence pour sauver l’avenir des générations futures. En appelant les combattants à déposer les armes et à embrasser la vie civile, il pose les bases d’un projet de société où la sécurité n’est plus l’exception mais la norme. Les opérations sécurité Mbakana s’inscrivent dans une stratégie plus large de stabilisation, visant à tarir les sources de recrutement des groupes armés en offrant des perspectives tangibles à la jeunesse.
À l’issue de cette cérémonie chargée d’émotion et d’espoir, un engagement symbolique et fort a été pris. Les ex-combattants Yaka, liés à la mouvance Mobondo, se sont engagés à cohabiter pacifiquement avec les membres de la communauté Teke, avec laquelle les tensions ethniques et territoriales ont souvent dégénéré en violences meurtrières. Ils ont également accepté d’adhérer formellement au processus du P-DDRCS, répondant ainsi à l’appel du chef de l’État pour le retour d’une paix durable.
Le lancement de ces opérations à Mbakana marque-t-il un tournant décisif dans la sécurisation de la périphérie de Kinshasa ? Si le chemin sera long et semé d’embûches, la lueur d’espoir est bien réelle. La réussite de cette entreprise ambitieuse dépendra de la coordination implacable entre les autorités, des moyens conséquents alloués au P-DDRCS, et surtout, de la volonté inébranlable de toutes les parties prenantes – anciens miliciens, communautés, autorités traditionnelles – de bâtir ensemble un avenir commun. La vigilance reste de mise, mais chaque arme déposée à Mbakana est une victoire concrète contre l’insécurité et un pas de plus vers la paix tant désirée par des populations épuisées par des années de conflits.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
