La Halle de l’Étoile, ce phare culturel au cœur de Lubumbashi, a vibré d’une énergie particulière ce mercredi 3 décembre. Les portes du Lubum Fest Doc se sont ouvertes sur une promesse : celle de raconter pour transformer. Pour sa deuxième édition, ce festival dédié au film documentaire s’est paré d’une ambition aussi vaste que son thème, invitant les spectateurs à un voyage où l’image se fait à la fois témoin et agent du changement.
Dans l’air chargé d’anticipation, Fils Ngeleka, l’initiateur visionnaire de ce projet, a planté le décor. Son discours, prononcé dans l’écrin de la Halle de l’Étoile, a résonné comme un manifeste. « Nous célébrons les documentaires comme miroir du monde », a-t-il affirmé, posant ainsi les fondations de cette édition. Cette conviction, que les images peuvent raconter une métamorphose, imprègne chaque sélection de cette compétition. Le réalisateur et entrepreneur culturel voit en ce festival bien plus qu’un simple rendez-vous cinématographique. C’est un cadre enrichissant, une opportunité unique de faire évoluer notre perception de la réalité, de valoriser l’art et le cinéma en République Démocratique du Congo et sur tout le continent africain.
Le choix du thème, « Raconter, transformer le monde », n’est donc pas anodin. Il interroge la puissance narrative du cinéma documentaire. Celui-ci, loin d’être un simple enregistrement du réel, se dresse en véritable outil de réflexion et d’action. À travers la quarantaine de films qui seront projetés dans les différentes communes de Lubumbashi, du 3 au 13 décembre, se dessine une mosaïque de regards. Une sélection rigoureuse opérée parmi 84 films, dont trois émanant de talents congolais, promet de refléter des réalités multiples et de susciter le dialogue.
Cette deuxième édition du festival film documentaire Lubumbashi s’inscrit dans la continuité d’un engagement ancré localement. La première édition avait déjà semé des graines, avec dix projections disséminées à travers la ville, donnant naissance à des initiatives sociales comme « Pellicules de solidarité ». Mais le projet de Fils Ngeleka ne se contente pas de diffuser ; il outille et inspire. En amont de cette édition, le Lubum Fest Doc a ainsi déployé le « Lubum Fest Mob », une masterclass pratique dédiée à la réalisation documentaire sur smartphone. Récit, cadrage, son, intention : autant de techniques partagées pour démocratiser la création et permettre à de nouvelles voix de s’élever, armées de simples téléphones.
Que cherche-t-on à transformer à travers ces images ? Peut-être, en premier lieu, les perspectives. En mettant en lumière des histoires souvent tues, le cinéma documentaire RDC opère un travail de mémoire et de plaidoyer visuel. Chaque projection devient une fenêtre ouverte sur une parcelle d’humanité, un problème social, une beauté cachée ou une résistance silencieuse. La Halle de l’Étoile Lubumbashi, et les autres salles qui accueilleront les films, se transforment ainsi en laboratoires d’idées, en agoras modernes où le débat peut naître du choc des perceptions.
L’ambition du Lubum Fest Doc dépasse le cadre temporel du festival. En créant un tel espace de rencontre entre les créateurs et le public, en formant les cinéastes de demain, Fils Ngeleka et son équipe tissent patiemment un écosystème culturel durable. Ils bâtissent un patrimoine cinématographique congolais et affirment la place du documentaire comme genre essentiel, capable non seulement d’enregistrer l’histoire mais aussi de la précipiter. Le monde se raconte ici, sous le ciel katangais, et peut-être, dans ce récit partagé, trouve-t-il déjà les germes de sa propre transformation.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd
