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Accident mortel à Beni : Quatre tués dans une collision, la colère des mototaxis évite de justesse un lynchage

Le crissement des pneus, puis un choc sourd qui a glacé le sang des riverains. Ce mardi 2 décembre, l’axe routier reliant Beni à Mavivi, aux abords des quartiers Masiani et Boikene, est devenu le théâtre d’une tragédie routière. Quatre vies, trois hommes et une femme, se sont éteintes brutalement dans une collision frontale entre leur moto et un véhicule de type Noah. L’engin à deux roues, transformé en cercueil de tôle froissée, gisait sur le bas-côté, témoin silencieux d’une vitesse qui a tout emporté. Les corps, meurtris, n’ont même pas pu être transportés à l’hôpital ; ils sont morts sur le coup, sous le regard impuissant des premiers témoins.

Les faits, rapportés par nos correspondants sur place, pointent du doigt les causes récurrentes qui ensanglantent les routes du Nord-Kivu : l’excès de vitesse et le non-respect le plus élémentaire du code de la route. Cette fatalité évitable, comment expliquer qu’elle continue de faire des ravages semaine après semaine ? Le chauffeur du Noah, réalisant l’horreur qu’il venait de provoquer, a choisi la fuite. Une décision lâche qui a mis le feu aux poudres.

Une colère noire s’est alors emparée d’un groupe de taxis motos, ces conducteurs qui connaissent trop bien les risques de la route et les visages de leurs collègues disparus. Pris d’une rage légitime face à ce drame et à cette fuite, ils se sont lancés à la poursuite du véhicule. La scène, digne d’un film d’action, a viré au lynchage annoncé. La justice populaire, expéditive et brutale, menaçait de faire un cinquième mort. C’est finalement l’intervention rapide de militaires présents dans le secteur qui a arraché le chauffeur des mains de la foule en furie. Sauvé in extremis d’une mort certaine, l’homme a vu son véhicule servir de réceptacle à toute cette rage : la voiture a été réduite en un tas de ferraille calcinée, symbole noirci d’une impunité qui ne passe plus.

Les corps des victimes, désormais anonymes sous un drap, ont été transportés à la morgue de l’hôpital général de référence de Beni. Ils y attendent, dans le froid des cellules réfrigérées, que la justice officielle, celle des tribunaux, prenne le relais des enquêtes. Mais dans les rues de Beni, une autre enquête, celle de l’opinion, a déjà rendu son verdict. L’incendie du véhicule est un cri : la population en a assez. Assez de voir ses proches fauchés. Assez de l’inconscience au volant. Assez d’un sentiment d’impunité qui pousse certains conducteurs à fuir leurs responsabilités.

Cet accident Beni Mavivi n’est malheureusement pas un cas isolé. La ville de Beni, comme toute la région du Nord-Kivu, enregistre une hausse alarmante des accidents de la circulation routière. La Commission Nationale de Prévention Routière (CNPR) ne cesse de tirer la sonnette d’alarme : vitesse excessive, méconnaissance du code de la route, état d’ivresse des conducteurs. Des causes identifiées, mais contre lesquelles les actions concrètes semblent encore trop timides. Comment renforcer la prévention ? Faut-il davantage de contrôles sur les axes sensibles ? Comment responsabiliser durablement tous les usagers, des chauffeurs de gros porteurs aux conducteurs de taxis motos ?

La justice populaire qui a failli s’abattre sur le chauffeur du Noah à Beni est un signal d’extrême danger. Elle révèle une défiance profonde envers des institutions perçues comme trop lentes ou trop complaisantes. Quand l’État semble absent dans la prévention et la répression, la rue prend le relais, avec toute sa violence et son arbitraire. Le risque est alors de basculer d’un drame routier à un drame social encore plus large.

La sécurité routière n’est pas une affaire secondaire. C’est une question de santé publique, de droit à la vie, et de cohésion sociale. Les quatre morts de l’axe Beni-Mavivi nous rappellent cruellement que chaque trajet ne doit pas être une course contre la mort. Il est urgent que les autorités compétentes, en collaboration avec les associations et les leaders communautaires, repensent en profondeur la gestion de la circulation dans la région. La formation, la sensibilisation, et une application stricte et visible de la loi sont les seuls remparts contre cette hécatombe silencieuse. Le temps n’est plus aux constats, mais à l’action, avant que la colère légitime ne consume plus que des carcasses de voitures.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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