Dans la chaleur de Bunia, un espoir concret semble poindre à l’horizon pour les communautés meurtries de l’Ituri. Le lundi 1er décembre, la salle de réunion vibrait d’une énergie particulière, celle d’une évaluation qui sonnait comme une première victoire. Autour de la table, le gouverneur, les chefs coutumiers aux regards sagaces, les représentants de la société civile et les autorités religieuses écoutaient, presque incrédules, le bilan d’une initiative qui touche enfin le cœur du problème : le développement communautaire comme rempart à la violence. Dix-huit projets ont pris racine dans les territoires d’Irumu et de Djugu, transformant peu à peu le paysage et, surtout, les mentalités.
Le programme STAR-EST, cette initiative gouvernementale dédiée à la stabilisation et la relance des zones en proie aux conflits, montre ici ses premiers fruits tangibles. Mais au-delà des chiffres, que représentent vraiment une école, un centre de santé ou une route réhabilitée pour des populations qui ont tout perdu ? Pour les habitants de ces zones, souvent abandonnés à leur sort, c’est bien plus qu’un bâtiment. C’est la matérialisation d’une promesse, la preuve que l’État n’a pas totalement déserté le terrain. La construction d’infrastructures scolaires et sanitaires répond à un besoin criant, celui de restaurer la dignité par l’accès aux services les plus élémentaires. Comment espérer une paix durable si les enfants n’ont pas de toit pour apprendre et si les malades doivent parcourir des kilomètres de pistes impraticables pour se faire soigner ?
« Ces infrastructures contribuent à renforcer la résilience des populations locales, tout en favorisant la paix dans des zones encore fragiles », a souligné Steve Singida, coordonnateur du programme STAR-EST en Ituri. Une phrase qui résume toute la philosophie de l’action : ne pas se contenter de gérer l’urgence, mais construire les fondations d’un avenir stable. La réhabilitation des routes de desserte agricole est, à cet égard, un levier économique crucial. Elle permet aux paysans d’écouler leurs productions, de recréer des circuits commerciaux locaux et de sortir de l’isolement qui nourrit souvent le désespoir et les tensions. Le développement communautaire en Ituri passe par ces artères vitales qui relient les villages aux marchés.
Lors de cette réunion d’évaluation à Bunia, la satisfaction des chefs coutumiers de Djugu et d’Irumu était palpable. Leurs témoignages, rarement entendus dans les rapports officiels, ont apporté une légitimité essentielle aux projets. Ils ont constaté, sur le terrain, une amélioration de l’accès aux services sociaux de base pour leurs communautés. Cette validation par les autorités traditionnelles, garantes de la cohésion sociale, est un indicateur aussi important que les rapports techniques. Elle signifie que les projets d’infrastructures à Irumu et Djugu ne sont pas tombés du ciel mais se sont inscrits, tant bien que mal, dans la réalité locale.
Le gouverneur de province a, quant à lui, plaidé pour la poursuite de l’effort, souhaitant que la deuxième phase du programme, prévue pour 2026, connaisse le même succès. Son encouragement soulève une question essentielle : celle de la pérennité. La remise officielle des infrastructures aux autorités locales, prévue d’ici janvier 2026, sera un moment de vérité. Seront-elles correctement entretenues ? Les communautés se les approprieront-elles pleinement ? L’évaluation des projets de développement à Bunia ne doit pas être une fin en soi, mais le point de départ d’un suivi rigoureux. La stabilisation des zones de conflit en RDC est un marathon, pas un sprint. Elle exige une vision à long terme et un engagement constant, au-delà des cycles politiques et des financements par projet.
Le programme STAR-EST démontre qu’une approche intégrée, mêlant construction matérielle et dialogue communautaire, peut porter ses fruits. Les 18 projets réalisés sont autant de pierres apportées à l’édifice de la paix. Ils rappellent une évidence trop souvent oubliée : on ne combat pas efficacement la violence uniquement avec des armes. Il faut aussi offrir des perspectives, redonner de l’espoir et reconstruire le tissu social déchiré. L’enjeu est de taille. Il s’agit ni plus ni moins de prouver à des populations éprouvées que la paix peut aussi se bâtir avec des briques, du ciment et une volonté politique inébranlable. Le chemin vers la stabilisation des zones de conflit en RDC est long et semé d’embûches, mais chaque école construite, chaque route réparée, est un pas de plus vers cet avenir apaisé que tous appellent de leurs vœux en Ituri.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
