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Le pouvoir de Kinshasa suspend ‘Sauvons la RDC’ : l’étau se resserre autour de l’héritage Kabila

L’Exécutif congolais franchit un nouveau palier dans la crispation politique qui caractérise la scène nationale. Par un télégramme circulaire daté du 1er décembre, le vice-premier ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a intimé l’ordre aux gouverneurs de provinces de suspendre sur l’ensemble du territoire toute activité liée au mouvement « Sauvons la RDC ». Cette instruction, assortie de la promesse de sanctions pour les autorités récalcitrantes, vise directement l’initiative politique née du conclave de Nairobi organisé en octobre dernier sous l’égide de l’ancien chef de l’État, Joseph Kabila. Une manœuvre qui, loin d’apaiser le climat, semble calciner les ponts avec l’opposition structurée autour du Front Commun pour le Congo (FCC).

La genèse de ce « Mouvement Sauvons la RDC » plonge ses racines dans un diagnostic sans concession porté sur la situation du pays. Réunies au Kenya, des figures politiques et de la société civile, emmenées par Joseph Kabila, ont dépeint une République démocratique du Congo en proie à une « crise multiforme ». Leurs conclusions, sévères, pointaient du doigt des dérives politiques, économiques et sociales, accusant le pouvoir en place de violations constitutionnelles et d’instrumentalisation de la justice. La création de ce cadre se voulait donc une réponse, un instrument destiné, selon ses promoteurs, à restaurer la démocratie et œuvrer à une réconciliation nationale. Mais à Kinshasa, cette initiative a visiblement été perçue moins comme une main tendue que comme un défi frontal à l’autorité de l’État.

Cette suspension ne tombe pas du ciel ; elle s’inscrit dans une séquence de durcissement. Elle fait écho à la décision récente de suspendre les activités du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), soupçonné de liens avec la rébellion M23. Un enchaînement qui dessine une stratégie gouvernementale de containment, voire de neutralisation, des réseaux politiques associés à l’ancien président. La réaction du FCC, pilier de l’ère Kabila, ne s’est pas faite attendre. Par la voix de son coordonnateur de la cellule de crise, Raymond Tshibanda, le front a fustigé dans un communiqué une décision « inconstitutionnelle » et « arbitraire », dénonçant un « acharnement féroce » contre tout ce qui incarne le combat politique de Joseph Kabila, présenté comme un symbole de stabilité nationale. Ce communiqué du FCC Tshibanda sonne comme une déclaration de guerre politique, rejetant catégoriquement ce qu’il qualifie de monologue du pouvoir.

Quel est le véritable objectif de cette escalade ? S’agit-il de préserver l’ordre public face à des structures jugées subversives, ou d’étouffer dans l’œuf une reconquête politique orchestrée depuis Nairobi ? Le gouvernement justifie ses actions par la nécessité de maintenir la sécurité et l’intégrité de l’État. Toutefois, ses détracteurs y voient une instrumentalisation « éhontée » de l’administration à des fins de règlement de comptes, risquant de réduire encore un peu plus l’espace démocratique déjà mis à mal. La référence insistante au conclave de Nairobi au Kenya dans les débats n’est pas anodine ; elle renvoie à l’idée d’une opposition se structurant depuis l’étranger, un argument sensible dans le contexte géopolitique volatil de la région.

En définitive, le pouvoir de Felix Tshisekedi joue un jeu risqué. En ciblant systématiquement les relais de Joseph Kabila et du gouvernement de l’époque, il muscle sa posture d’autorité mais s’expose à un raidissement de l’opposition et à des accusations d’autoritarisme. La suspension de « Sauvons la RDC » et du PPRD pourrait bien galvaniser leurs soutiens plutôt que de les dissoudre. La balle est désormais dans le camp des institutions, notamment judiciaires, qui devront trancher sur la légalité de ces mesures. L’épisode confirme que la politique en RDC reste un champ de bataille où les anciennes et les nouvelles majorités s’affrontent sans merci, laissant en suspens la promesse d’un dialogue inclusif pourtant appelé de tous les vœux par une partie de la classe politique. Les prochains jours, à l’approche d’échéances électorales cruciales, diront si cette stratégie de la tension est un calcul gagnant ou une fuite en avant périlleuse pour la stabilité du pays.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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