La scène politique congolaise vient de vivre un moment charnière avec l’annonce fracassante du Front anti-dialogue, piloté par le parti Congo Positif, affirmant avoir recueilli un million de signatures contre toute initiative de dialogue pour résoudre la crise qui secoue la République Démocratique du Congo. Cette révélation, faite lors d’une matinée politique organisée ce samedi 29 novembre à Kinshasa, jette une lumière crue sur les divisions profondes qui traversent la société congolaise.
Dieudonné Nkishi Kazazi, président national de Congo Positif, a présenté ces résultats comme le symptôme d’un « ras-le-bol populaire » face à ce qu’il qualifie de « dialogues stériles ». Le coordonnateur de cette plateforme politique, visiblement satisfait du succès de sa pétition lancée le 17 août 2025, a cependant tempéré son enthousiasme en évoquant le poids des responsabilités. « C’est vraiment une joie, mais aussi une responsabilité de constater qu’il y a parmi les Congolais un million d’entre nous qui ont accepté de signer et donc qui partagent notre point de vue », a-t-il déclaré, soulignant la rapidité avec laquelle cette mobilisation s’est opérée.
Cette collecte massive de signatures contre le dialogue au Congo représente-t-elle un véritable tournant dans l’opinion publique congolaise ? Le leadership du Front anti-dialogue RDC semble en être convaincu, voyant dans cette mobilisation citoyenne un rejet catégorique des traditionnelles tables rondes politiques. « Ça veut dire quelque chose. Ça veut dire que les Congolais à travers le pays ne veulent pas des dialogues », a martelé Kazazi, appuyant son argumentation sur des sondages récents indiquant que 64% des Congolais interrogés s’opposent au dialogue tel qu’il est actuellement proposé.
La stratégie du Front anti-dialogue s’inscrit dans un contexte politique particulièrement tendu, où les initiatives de médiation se multiplient sans pour autant apporter de solutions concrètes à la crise multidimensionnelle que traverse le pays. Cette pétition contre le dialogue Congo, qualifiée d’historique par ses initiateurs, pourrait-elle sonner le glas des approches diplomatiques conventionnelles ? Les millions de signatures récoltées en seulement trois mois semblent indiquer une défiance croissante des populations envers les mécanismes traditionnels de résolution des conflits.
La plateforme Congo Positif, porte-étendard de cette fronde populaire, entend maintenant porter cette voix discordante jusqu’aux plus hautes sphères de l’État. La soumission prochaine de cette pétition aux autorités congolaises constituera un test décisif pour mesurer l’impact réel de cette mobilisation citoyenne. Parallèlement, le mouvement annonce le lancement d’une vaste campagne de sensibilisation et de mobilisation de la jeunesse à travers toute la République, avec pour objectif affiché de défendre l’intégrité territoriale de la RDC.
Cette fronde populaire contre le dialogue interpelle nécessairement sur l’efficacité des solutions politiques traditionnellement privilégiées pour résoudre les crises en RDC. Le succès apparent de cette initiative du Front anti-dialogue RDC pose avec acuité la question de la représentativité réelle des mécanismes de consultation populaire. Les autorités congolaises pourront-elles ignorer cette expression massive d’une frange significative de la population, ou devront-elles repenser fondamentalement leur approche de la résolution de la crise ?
La suite des événements dira si cette collecte d’un million de signatures contre le dialogue constituera un simple épiphénomène politique ou marquera véritablement un tournant dans les méthodes de gouvernance et de résolution des conflits en République Démocratique du Congo. Une chose est certaine : le paysage politique congolais vient de s’enrichir d’une voix dissonante qui entend bien peser dans le débat public et influencer le cours des décisions politiques majeures.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
