Les cris de détresse résonnent dans la nuit humide de Kindu. « Nous avons tout perdu en quelques minutes », témoigne Mama Sophie, mère de cinq enfants, assise devant les décombres de sa maison. « Le vent soufflait si fort que le toit s’est envolé comme un papier, puis l’eau a tout emporté. » Ce vendredi 28 novembre restera gravé dans la mémoire des habitants de la ville de Kindu, frappée par une pluie torrentielle d’une violence rarement vue dans la province du Maniema.
Le bilan provisoire dressé par la protection civile Kindu est alarmant : 3 227 maisons endommagées, 5 écoles touchées et 15 personnes blessées. Comment une ville entière peut-elle se retrouver ainsi vulnérable face aux caprices de la nature ? La réponse se lit dans les yeux des sinistrés, contraints de dormir à la belle étoile, leurs biens réduits à l’état de boue et de souvenirs brisés.
La commune d’Alunguli paie le plus lourd tribut avec 1 043 maisons endommagées Kindu et 15 blessés, dont 10 nécessitant une hospitalisation. À Kasuku, ce sont 1 721 habitations qui ont été touchées, tandis que Mikelenge compte 463 maisons endommagées. Ces chiffres, aussi froids soient-ils, cachent une réalité humaine déchirante : des milliers de familles congolaises se retrouvent brutalement sans abri, sans nourriture, sans espoir à l’approche des fêtes de fin d’année.
« Nous glorifions Dieu parce que, contrairement à la fois passée, nous n’avons pas enregistré de pertes en vies humaines. Mais la situation reste critique », confie Walanga Bali Michel, coordonnateur provincial de la protection civile. Ses mots, mesurés, ne peuvent masquer l’urgence de la situation. Comment la troisième ville du Maniema va-t-elle faire face à cette catastrophe naturelle RDC sans précédent ?
Les dégâts Maniema ne se limitent pas aux habitations. Cinq écoles touchées signifient que des milliers d’enfants verront leur éducation interrompue. Les infrastructures sanitaires, déjà fragiles, risquent de crouler sous l’afflux de blessés et de malades. La question qui brûle toutes les lèvres est simple : comment reconstruire quand on a tout perdu ?
La protection civile lance un appel pressant aux autorités et aux partenaires humanitaires. « Avant tout, ce sont les autorités qui peuvent amener la réponse, mais nous invitons aussi les partenaires animés de bonne foi à venir en aide aux ménages touchés », insiste Walanga Bali Michel. Son appel résonne comme un cri d’alarme dans une province souvent oubliée des secours d’urgence.
Cette pluie torrentielle Kindu soulève des questions plus profondes sur la vulnérabilité des villes congolaises face aux phénomènes météorologiques extrêmes. L’urbanisation anarchique, l’absence de systèmes d’alerte précoce et le manque d’infrastructures adaptées transforment chaque averse en potentielle tragédie. Jusqu’à quand la République Démocratique du Congo continuera-t-elle à subir passivement ces catastrophes naturelles RDC qui frappent toujours les plus vulnérables ?
Les familles sinistrées, elles, n’ont pas le luxe de se poser ces questions théoriques. Elles attendent des actes concrets : des abris, de la nourriture, des soins médicaux. Leur survie immédiate dépend de la rapidité de la réponse humanitaire. Alors que les fêtes de fin d’année approchent, ces milliers de Congolais risquent de connaître les Noël les plus sombres de leur existence, abandonnés à leur sort dans une ville meurtrie.
La résilience des habitants de Kindu sera-t-elle suffisante pour faire face à cette épreuve ? L’élan de solidarité parviendra-t-il à compenser les carences institutionnelles ? Une chose est certaine : les dégâts Maniema causés par cette intempérie exceptionnelle rappellent cruellement la fragilité du développement en RDC et l’impérieuse nécessité de renforcer les mécanismes de prévention et de réponse aux catastrophes naturelles.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
