L’organisation de défense des droits humains Justice Plus a tiré la sonnette d’alarme ce jeudi 27 novembre à Bunia. Dans son rapport rendu public, l’ONG dénonce avec véhémence les méthodes employées par les forces de défense et de sécurité lors d’une opération de bouclage menée dans le site de déplacés de Kigonze, en Ituri.
Quarante-trois personnes ont été interpellées lors de cette opération qui visait officiellement à traquer des miliciens de la Convention pour la Révolution Populaire (CRP) ou leurs supplétifs. Selon les informations recueillies, les agents des forces de sécurité soupçonnaient ces combattants de se cacher parmi les populations déplacées, créant ainsi un climat de suspicion généralisée.
Mais comment justifier des arrestations massives dans un site censé protéger des civils vulnérables ? Justice Plus soulève cette question cruciale en pointant du doigt les violations flagrantes du droit international humanitaire. Le caractère inviolable d’un site de déplacés n’a manifestement pas été respecté, selon les observations de l’organisation.
L’opération sécurité CRP, bien que légitime dans son objectif initial, aurait dérapé en entraînant des arrestations arbitraires incluant même des enfants. Ces derniers ont été appréhendés sous le simple prétexte d’une supposée connivence avec la milice CRP. Une situation qui interpelle sur les méthodes employées par les forces de l’ordre dans cette région en proie à l’insécurité.
Les conséquences de cette opération se font déjà ressentir parmi les déplacés Ituri. Un climat de peur et de psychose s’est installé, poussant de nombreuses familles à fuir le site de Kigonze vers des quartiers environnants. Ces populations vulnérables craignent désormais d’être assimilées à des miliciens et de subir le même sort que les 43 personnes arrêtées.
Justice Plus, tout en reconnaissant la nécessité pour les services de sécurité de traquer les éléments armés, dénonce fermement les abus et violations des droits humains perpétrés lors de cette opération. L’organisation rappelle que la lutte contre l’insécurité ne doit pas se faire au détriment des droits fondamentaux des civils.
Les arrestations arbitraires Bunia viennent s’ajouter à une longue liste de violations droits humains RDC documentées par diverses organisations nationales et internationales. Cette situation soulève des interrogations sur l’encadrement des opérations de sécurité et le respect des procédures légales.
Face à cette crise humanitaire et sécuritaire, Justice Plus exhorte les autorités politico-militaires à garantir le respect des droits des déplacés en Ituri. L’organisation appelle à la libération des personnes arbitrairement détenues et à l’ouverture d’une enquête indépendante sur les conditions de cette opération.
La situation dans l’Ituri reste préoccupante, avec des milliers de déplacés vivant dans des conditions précaires et sous la menace constante des groupes armés. Les opérations de sécurité, bien que nécessaires, doivent être menées dans le strict respect des droits humains et du droit international humanitaire.
Les autorités compétentes n’ont pas encore réagi officiellement aux accusations portées par Justice Plus. La balle est désormais dans leur camp pour rassurer les populations civiles et démontrer que la lutte contre l’insécurité ne se fera pas au prix des libertés fondamentales.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
