La tragédie minière de Kalando dans le Lualaba continue de susciter des remous au plus haut niveau de l’État. Le sénateur Afani Idrissa Mangala, président du groupe UDPS/Tshisekedi au Sénat, a décidé de porter l’affaire sur la place publique par le biais d’une question orale avec débat adressée au directeur général du SAEMAPE. Cette initiative parlementaire intervient dans un contexte où les explications sur les circonstances exactes de cet accident minier qui a coûté la vie à plus de quarante personnes restent singulièrement évasives.
Que s’est-il réellement passé le 15 novembre dernier dans cette mine artisanale de Kalando, située près du village de Mulondo dans le territoire de Mutshatsha ? Pourquoi les creuseurs artisanaux continuent-ils de payer le prix fort dans un secteur qui représente pourtant près de 80% de la production nationale de minerais ? Le sénateur Mangala, élu du Maniema, pose ces questions avec une insistance qui traduit l’exaspération croissante face à l’opacité entourant les activités minières artisanales.
Dans son intervention, le parlementaire ne se contente pas de demander des comptes sur le drame de Kalando. Il élargit le débat à l’ensemble du système d’encadrement de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle. Le SAEMAPE, service censé assurer la sécurité et l’encadrement des mineurs artisanaux, se trouve ainsi sous le feu des projecteurs. Quel niveau d’assistance concrete ce service apporte-t-il réellement aux exploitants miniers artisanaux sur l’ensemble des sites reconnus à travers le pays ? La question mérite d’être posée, au regard des tragédies récurrentes dans ce secteur.
Le sénateur exige également des précisions statistiques sur l’exploitation artisanale des minerais – or, étain, tungstène, tantale et autres substances minérales. Cette demande de transparence répond à une nécessité fondamentale : informer les Congolais sur l’évolution et le niveau de la production, province par province et site par site. Dans un secteur qui représente l’épine dorsale de l’économie minière nationale, l’opacité des données ne peut plus être tolérée.
Mais au-delà des statistiques, c’est toute la chaîne de valeur qui intéresse le parlementaire. Il insiste sur la nécessité de disposer de données quantitatives concernant les activités d’exploitation artisanale ou semi-industrielle des produits de carrières intégrées dans le circuit officiel de production et de commercialisation. Cette exigence de traçabilité constitue un préalable essentiel à toute politique sérieuse de formalisation du secteur.
Dans le cadre du contrôle parlementaire, le sénateur Mangala pousse l’audace jusqu’à demander des éclaircissements sur la situation financière du SAEMAPE et sur sa contribution au Trésor public. Une manière de rappeler que les services publics doivent rendre des comptes sur leur gestion et leur efficacité. Le contribuable congolais est en droit de savoir si ses impôts sont utilisés à bon escient dans l’encadrement d’un secteur aussi vital que l’exploitation minière artisanale.
En appelant le bureau de la chambre haute à faire triompher le débat démocratique, le sénateur place la balle dans le camp des institutions. Jusqu’où le Parlement est-il prêt à aller pour éclairer l’opinion publique sur ce drame qui a coûté la vie à de nombreux compatriotes ? La réponse à cette question en dira long sur la volonté politique réelle de transformer en profondeur un secteur minier artisanal qui continue de broyer des vies humaines dans l’indifférence générale.
Cette intervention du sénateur Mangala représente-t-elle un tournant dans la gouvernance des mines artisanales en RDC ? Seul l’avenir le dira. Mais une chose est certaine : le drame de Kalando dans le Lualaba a mis en lumière les défaillances structurelles d’un système qui peine à protéger ceux qui font vivre l’économie minière congolaise. Le SAEMAPE se retrouve désormais sous pression pour apporter des réponses concrètes, non seulement sur les circonstances de cet accident minier tragique, mais aussi sur sa capacité réelle à remplir sa mission fondamentale : encadrer et sécuriser l’exploitation minière artisanale à petite échelle.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
