Le chemin de retour vers Mahanga est semé d’angoisses et d’espoirs mêlés. Dans le groupement Nyamaboko 1er, au territoire de Masisi, des familles épuisées retrouvent péniblement leurs habitations après une semaine d’exode forcé. « Nous avons dormi dans la forêt, exposés aux intempéries et à la faim », témoigne une mère de famille qui préfère garder l’anonymat, les yeux encore marqués par les nuits passées à la belle étoile.
La reprise de l’agglomération de Mahanga Nord-Kivu par les rebelles du M23 a paradoxalement ouvert la voie au retour des déplacés Masisi. Comment expliquer ce retour précipité vers des zones encore sous contrôle rebelle ? La réponse se trouve dans l’insoutenable précarité vécue dans les refuges de fortune. Les habitants des villages environnants comme Bitoi partagent le même calvaire : survivre sans abri décent, sans nourriture suffisante, sans sécurité aucune.
Le centre de santé dépouillé de Mahanga symbolise le drame humanitaire qui se joue dans l’ombre des combats. « Tous les médicaments ont disparu, le peu d’équipements a été vandalisé », déplore un notable local. Les retournés se retrouvent ainsi confrontés à un dilemme cruel : affronter les risques sanitaires dans leur village ou continuer à errer dans la forêt sans assistance médicale.
Le conflit M23 continue de générer des vagues de déplacement dans cette région du Nord-Kivu, créant une crise humanitaire aux multiples facettes. Le retour habitants Mahanga s’effectue dans des conditions précaires, sans véritable encadrement des organisations humanitaires. Combien de temps faudra-t-il avant que la communauté internationale ne prenne la mesure de cette tragédie silencieuse ?
Les difficultés d’ordre sanitaire représentent la menace la plus immédiate pour ces populations déjà éprouvées. Sans centre de santé fonctionnel, comment faire face aux maladies hydriques, aux infections respiratoires, aux complications de grossesse ? La situation devient particulièrement critique pour les enfants et les personnes âgées, premières victimes de cette dégradation des conditions de vie.
Le dénombrement des ménages retournés tarde à être effectué, rendant difficile toute planification d’aide humanitaire ciblée. Cette absence de données précises ne risque-t-elle pas d’aggraver encore la situation ? Les autorités locales semblent dépassées par l’ampleur des besoins, tandis que la présence des groupes armés complique l’accès aux zones concernées.
La souffrance vécue dans la forêt par les déplacés Masisi a créé un sentiment d’urgence qui pousse au retour, malgré les risques persistants. Ce phénomène interroge sur l’efficacité des mécanismes de protection des civils dans les zones de conflit. Jusqu’où peut-on pousser la résilience humaine face à l’adversité ?
La communauté de Mahanga Nord-Kivu tente de se reconstruire dans un contexte sécuritaire encore fragile. Le retour progressif des habitants marque peut-être le début d’un long processus de normalisation, mais les défis restent immenses. La réhabilitation du centre de santé et la sécurisation des approvisionnements en médicaments apparaissent comme des priorités absolues pour éviter une catastrophe sanitaire annoncée.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
