La zone de santé de Binza, située à Nyamilima dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu, fait face à une situation sanitaire alarmante avec une flambée impressionnante de cas de rougeole. Les chiffres communiqués par les autorités sanitaires locales donnent le vertige : plus de 1 500 personnes touchées et 40 décès enregistrés depuis le mois d’avril dernier. Cette épidémie de rougeole en RDC représente un défi majeur pour le système de santé déjà fragile de cette région.
Comment une maladie pourtant évitable par la vaccination peut-elle causer autant de ravages ? Le Dr Kalule Kamwira Bernard, médecin chef de la zone de santé de Binza, explique cette propagation rapide par plusieurs facteurs. « Nous subissons une flambée de cas de rougeole dans la zone depuis le mois d’avril », confirme-t-il, soulignant la rapidité avec laquelle cette maladie virale hautement contagieuse se diffuse parmi les populations vulnérables.
Face à cette urgence sanitaire au Congo, une réponse multidimensionnelle a été mise en place. L’hôpital général de référence de Nyamilima, avec l’appui technique et financier de Médecins Sans Frontières (MSF), assure depuis juillet dernier la prise en charge gratuite des malades de rougeole. Un centre de traitement spécialisé a été créé pour faire face à l’afflux des patients, mais les moyens restent insuffisants face à l’ampleur de la crise.
La rougeole, maladie virale extrêmement contagieuse, se transmet par voie aérienne et touche principalement les enfants non vaccinés. Ses complications peuvent être graves, voire mortelles, notamment chez les jeunes enfants malnutris ou dont le système immunitaire est affaibli. Dans le contexte du Nord-Kivu, région déjà éprouvée par des années de conflits et de déplacements de population, la vulnérabilité des communautés est exacerbée.
Le Dr Kamwira insiste sur l’importance cruciale de la vaccination comme pilier fondamental de la réponse à cette épidémie. « La riposte contre les épidémies nécessite une dimension multisectorielle. Nous étions en train de répondre à un aspect de prise en charge, à cette prise en charge s’ajoute la vaccination qui est d’ailleurs le pilier de la réponse par rapport à une épidémie », affirme-t-il avec conviction.
Depuis mardi dernier, une campagne de vaccination contre la rougeole a été lancée dans la zone de santé de Binza pour tenter d’endiguer la propagation de la maladie. Cette initiative vise à protéger les enfants les plus exposés et à créer une barrière immunitaire collective. La vaccination reste en effet le moyen le plus efficace pour prévenir la rougeole et ses complications potentiellement mortelles.
Mais pourquoi la vaccination rencontre-t-elle encore des résistances dans certaines communautés ? Les spécialistes pointent du doigt plusieurs obstacles : la méfiance envers le système de santé, les difficultés d’accès aux centres de santé dans les zones reculées, et la persistance de rumeurs infondées sur les effets secondaires des vaccins. Autant de défis que les équipes sanitaires doivent surmonter dans leur course contre la montre.
Les autorités sanitaires appellent les parents à la plus grande vigilance. Tout cas suspect de rougeole – caractérisé par de la fièvre, une toux, un écoulement nasal, une conjonctivite et une éruption cutanée – doit être signalé urgemment et dirigé vers une structure de santé pour une prise en charge rapide. Chaque heure compte dans la lutte contre cette maladie qui peut tuer en quelques jours si elle n’est pas traitée appropriément.
La situation à Rutshuru reflète malheureusement une tendance plus large dans la région. Les cas de rougeole au Nord-Kivu ne cessent d’augmenter, mettant en lumière les lacunes du système de santé et la nécessité de renforcer les programmes de vaccination routine. Les spécialistes s’accordent à dire que sans une couverture vaccinale optimale, ces flambées épidémiques risquent de se reproduire régulièrement.
Que faire face à cette urgence sanitaire ? La réponse doit combiner plusieurs approches : intensification des campagnes de vaccination, renforcement des capacités de prise en charge médicale, sensibilisation des communautés sur les signes d’alerte, et amélioration de la surveillance épidémiologique. Comme le souligne le médecin chef de zone, « par rapport à la rougeole, la vaccination doit suivre pour se dire que nous sommes en train d’éradiquer cette maladie dans la zone de santé ».
La communauté internationale suit avec attention l’évolution de cette crise sanitaire. Les organisations humanitaires présentes sur place multiplient les efforts pour soutenir le système de santé local, mais les besoins dépassent souvent les moyens disponibles. La solidarité nationale et internationale reste plus que jamais nécessaire pour venir à bout de cette épidémie qui frappe les plus vulnérables.
La leçon à retenir de cette flambée de rougeole à Binza est claire : la vaccination n’est pas un luxe, mais une nécessité absolue pour protéger la santé des enfants congolais. Chaque dose administrée représente une vie potentiellement sauvée, chaque campagne de vaccination menée avec succès constitue un pas de plus vers l’éradication de cette maladie évitable. Le combat continue, et l’espoir demeure que grâce à une mobilisation collective, cette épidémie pourra être maîtrisée dans les prochaines semaines.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
