La province du Haut-Uele se trouve au cœur d’une tempête politique dont les ramifications pourraient redéfinir durablement son paysage institutionnel. Une motion de défiance visant le Gouverneur Jean Bakomito Gambu a été officiellement déposée, déclenchant un processus aux conséquences potentiellement déstabilisatrices pour l’exécutif provincial. Cette procédure, encadrée par des dispositions constitutionnelles et réglementaires rigoureuses, s’apparente à une véritable épreuve de force entre la majorité provinciale et son chef de file.
Les initiateurs de cette motion de défiance au Haut-Uele, les députés Motogbu Madilu, Boele Losomia, Sangba Nekingbo et Suka Makofi, ont méthodiquement construit leur réquisitoire. Leurs accusations, particulièrement sévères, pointent du doigt des pratiques de gouvernance qualifiées d’incompatibles avec les exigences de transparence et d’efficacité attendues d’une autorité provinciale. Le spectre du détournement des deniers publics plane comme une ombre portée sur cette affaire, tandis que les griefs de clientélisme et de népotisme dessinent les contours d’un système de pouvoir jugé verrouillé.
Comment une telle crise politique en RDC a-t-elle pu mûrir jusqu’à ce point de rupture institutionnelle ? L’absence prolongée du gouverneur de son poste de travail, attribuée à ses fréquentes présence dans la capitale Kinshasa, apparaît comme le catalyseur d’un mécontentement latent. Cette éloignement géographique du centre de décision provincial a-t-elle créé un vide propice aux dérives dénoncées ? La question mérite d’être posée, tant elle semble avoir cristallisé les frustrations d’une assemblée provinciale du Haut-Uele en quête de leadership et de proximité.
L’article 213, alinéa 4, du règlement intérieur de l’Assemblée provinciale devient ainsi l’instrument juridique par lequel les députés entendent exercer leur pouvoir de contrôle. Cette base réglementaire confère à la procédure une légitimité incontestable, même si son issue reste suspendue aux aléas des majorités parlementaires. Le bureau de l’assemblée provinciale se trouve désormais en position d’arbitre, devant déterminer la recevabilité de la motion et organiser son examen en séance plénière dans le strict respect des délais légaux.
La stratégie des députés initiateurs repose sur une accumulation d’arguments visant à démontrer l’incapacité de l’exécutif à conduire les politiques provinciales essentielles. Les accusations d’incompétence et de trafic d’influence complètent un tableau particulièrement sombre de la gouvernance provinciale. Ces allégations de détournement de deniers publics, si elles venaient à être étayées par des preuves tangibles, pourraient infliger une blessure fatale à l’autorité morale du gouverneur.
Quels sont les véritables enjeux de cette motion de défiance qui agite le Haut-Uele ? Au-delà des personnalités en présence, c’est la crédibilité même des institutions provinciales qui se joue dans ce bras de fer politique. La capacité de l’assemblée à exercer son pouvoir de contrôle sans céder aux calculs partisans constituera un test décisif pour la jeune démocratie provinciale. La crise politique en RDC trouve ainsi dans le Haut-Uele un de ses épisodes les plus significatifs.
Les prochaines étapes de cette procédure s’annoncent déterminantes pour l’avenir politique de la province. L’examen en séance plénière de la motion de défiance constituera un moment de vérité, où chaque député devra assumer ses responsabilités face à ses électeurs. La majorité requise pour l’adoption de la motion – la majorité absolue des membres composant l’assemblée – représente un seuil dont la faisabilité reste incertaine dans un contexte de recomposition des alliances.
Jean Bakomito Gambu se trouve ainsi confronté à l’épreuve la plus périlleuse de son mandat. Sa capacité à maintenir la cohésion de sa majorité, à désamorcer les critiques et à apporter des réponses convaincantes aux accusations formulées conditionnera sa survie politique. La gestion de cette crise constituera un révélateur de son leadership et de son aptitude à naviguer dans les eaux troubles de la politique provinciale.
Cette motion de défiance dans le Haut-Uele s’inscrit dans une séquence politique plus large, où les équilibres institutionnels sont remis en question à l’échelle nationale. Elle interroge la capacité des provinces à sanctionner démocratiquement leurs dirigeants lorsque leur action est jugée défaillante. L’issue de cette confrontation pourrait créer un précédent significatif pour l’ensemble des institutions décentralisées de la République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
