La province du Nord-Kivu amorce une transformation économique majeure avec le lancement officiel des travaux de réhabilitation du tronçon routier Walikale-Kibua. Ce projet stratégique, inauguré ce mardi 25 novembre par le gouverneur général major Somo Kakule Evariste, représente un investissement crucial dans les infrastructures de la région. Comment cette initiative va-t-elle modifier le paysage économique de ce territoire agricole ?
Ce chantier de 85 kilomètres s’inscrit dans le cadre du Projet d’Appui au Secteur Agricole (PASA), bénéficiant du financement du Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA). Le choix de ce tronçon n’est pas anodin : il constitue l’épine dorsale du réseau de transport agricole dans le territoire de Walikale. La réhabilitation de cette route provinciale Walikale-Goma répond à un impératif économique immédiat : désenclaver une région dont le potentiel agricole reste largement sous-exploité en raison des difficultés d’accès aux marchés.
Le calendrier du projet, étalé sur huit mois, impose un rythme soutenu aux quatre entreprises retenues pour cette mission. Jerryson, COMICO et GLMT se partageront les travaux d’ouvrages d’art, tandis qu’une quatrième entreprise, dont l’identité n’a pas été dévoilée, sera chargée de la construction de huit ponts essentiels au maillage territorial. Cette division des tâches témoigne d’une approche sectorielle visant à optimiser l’expertise technique de chaque intervenant.
L’enjeu économique dépasse largement la simple question des infrastructures. La réhabilitation route Walikale constitue le catalyseur d’une véritable révolution agricole dans le Nord-Kivu. En améliorant la fluidité du transport, le projet agricole Nord-Kivu vise à réduire de manière significative les pertes post-récoltes, actuellement estimées à près de 40% pour certains produits périssables. Le tronçon routier Kibua restauré permettra aux agriculteurs d’accéder plus facilement aux centres de commercialisation, augmentant ainsi leurs revenus de manière substantielle.
L’implication du FIDA RDC dans ce projet souligne l’importance stratégique de cette initiative pour le développement rural. L’organisme international apporte non seulement un soutien financier, mais également un accompagnement technique garantissant l’adéquation entre les infrastructures et les besoins réels des populations. Le désenclavement Walikale représente ainsi une priorité partagée entre autorités provinciales et partenaires au développement.
Lors de la cérémonie de lancement, le gouverneur a émis des exigences claires concernant la qualité des travaux et le respect des délais. Cet accent mis sur la rigueur d’exécution traduit une volonté politique de rompre avec les pratiques antérieures souvent critiquées. La population locale, quant à elle, manifeste un mélange d’espoir et d’impatience face à ce projet tant attendu. Après des années d’isolement, les habitants entrevoient enfin la perspective concrète d’une amélioration de leurs conditions de vie.
Quels seront les impacts économiques réels de cette opération ? Les analystes prévoient une augmentation de la production agricole pouvant atteindre 25% dans les deux années suivant l’achèvement des travaux. La baisse des coûts de transport, estimée entre 30 et 40%, renforcera la compétitivité des produits locaux sur les marchés régionaux. Cette dynamique vertueuse devrait générer des retombées économiques directes pour près de 150.000 personnes vivant dans la zone d’influence du tronçon.
Le projet de réhabilitation s’inscrit dans une vision plus large de développement intégré du territoire. Au-delà de l’aspect purement agricole, l’amélioration des infrastructures routières favorisera l’accès aux services sociaux de base, notamment la santé et l’éducation. Les échanges commerciaux avec les territoires voisins et avec la ville de Goma connaîtront une accélération notable, créant de nouvelles opportunités économiques pour l’ensemble de la région.
La réussite de cette entreprise dépendra cependant de plusieurs facteurs : la rigueur dans l’exécution des travaux, l’implication continue des autorités provinciales et la participation active des communautés locales. Le gouverneur a d’ailleurs appelé la population à exercer une vigilance citoyenne pour garantir le respect des normes techniques tout au long du chantier. Cette approche participative constitue un gage supplémentaire de durabilité pour cet investissement structurant.
À l’horizon des huit mois prévus pour la réalisation des travaux, le territoire de Walikale pourrait ainsi connaître une métamorphose économique historique. La route deviendra alors bien plus qu’une simple voie de circulation : elle symbolisera le passage de l’isolement à l’intégration, de la subsistance à la prospérité. Le défi est de taille, mais les retombées potentielles justifient amplement l’engagement des différents acteurs dans cette entreprise de désenclavement Walikale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
