Les trombes d’eau qui se sont abattues sur Kinshasa au début du mois ont une fois de plus rappelé aux Kinois la vulnérabilité de leur ville face aux caprices de la nature. « En quelques minutes, le boulevard Triomphal s’est transformé en rivière », témoigne Jean, un habitant du quartier qui tente tant bien que mal de rejoindre son travail. « Comment une artère aussi importante peut-elle être paralysée à chaque forte pluie ? »
La saison des pluies en RDC frappe avec une régularité déconcertante, mais les infrastructures de la capitale semblent toujours aussi mal préparées. Devant le Palais du Peuple, lieu symbolique s’il en est, les eaux stagnantes créent un contraste saisissant avec la solennité des lieux. Les piétons doivent déchausser leurs souliers pour traverser, tandis que les véhicules tentent péniblement de se frayer un chemin dans ce qui ressemble davantage à un marécage qu’à une avenue présidentielle.
Face à cette situation récurrente, les travaux du pont Cabu apparaissent comme une lueur d’espoir. Le gouverneur Daniel Bumba s’est personnellement déplacé pour inspecter l’avancement du chantier, constatant des progrès significatifs dans l’amélioration de l’écoulement des eaux. « L’assainissement de Kinshasa est une priorité », a-t-il déclaré lors de sa visite, cherchant à rassurer une population souvent sceptique face aux promesses d’amélioration.
Mais au-delà des déclarations officielles, qu’en est-il réellement de l’impact de ces travaux sur la vie quotidienne des habitants ? Les inondations à Kinshasa ne sont-elles que le résultat de pluies diluviennes ou le symptôme d’un problème plus profond d’urbanisation incontrôlée ? La capitale congolaise, qui continue de s’étendre à un rythme effréné, peine à suivre en matière d’infrastructures d’assainissement. Les caniveaux obstrués par les déchets, le béton qui remplace les sols perméables, l’absence de plan d’urbanisation cohérent : autant de facteurs qui transforment chaque averse en cauchemar urbain.
Le pont Cabu représente donc bien plus qu’un simple ouvrage d’art. Il incarne l’espoir d’une capitale enfin capable de faire face aux défis climatiques. Les travaux d’assainissement menés sur l’avenue Kasa-Vubu et aux abords du Palais du Peuple témoignent d’une prise de conscience des autorités face à l’urgence de la situation. Reste à savoir si ces efforts ponctuels suffiront à résoudre un problème structurel qui affecte l’ensemble de la ville.
La visite du gouverneur Daniel Bumba, quelques semaines seulement après les dernières inondations, montre que la pression citoyenne commence à porter ses fruits. Les Kinois, fatigués de devoir composer avec les eaux de ruissellement à chaque saison des pluies, attendent désormais des actions concrètes et durables. L’engagement affiché de voir les travaux s’achever dans les 30 jours prochains sera-t-il tenu ? La question reste en suspens, tant les retards dans les chantiers publics sont monnaie courante.
À travers ces inondations répétées, c’est toute la question du développement urbain de Kinshasa qui se pose. Comment une métropole de près de 15 millions d’habitants peut-elle continuer à grandir sans se doter des infrastructures nécessaires à la sécurité et au bien-être de sa population ? Les travaux du pont Cabu ne constituent qu’une première étape, certes importante, vers une véritable politique d’aménagement du territoire respectueuse de l’environnement et adaptée aux réalités climatiques de la région.
La saison des pluies en RDC continuera de s’abattre sur Kinshasa, c’est une certitude. Mais les Kinois espèrent désormais que leurs rues ne se transformeront plus en rivières à chaque averse. Le défi est de taille, mais essentiel pour l’avenir de la capitale congolaise et la qualité de vie de ses habitants.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
