La colline de Kele, dans la province du Kasaï, endure une crise d’eau potable qui s’éternise depuis près de six années. Cette situation alarmante trouve son origine dans l’effondrement du pont sur la rivière Kasaï qui supportait les conduites principales de la Regideso. Comment une communauté entière peut-elle survivre sans accès à l’eau traitée en 2025 ? La réponse se trouve dans les stratégies de survie que les habitants ont dû développer, avec toutes les conséquences sanitaires que cela implique.
Privés du réseau officiel d’approvisionnement, les résidents de la colline Kele n’ont d’autre choix que de s’approvisionner dans des puits traditionnels et des cours d’eau non aménagés. Cette eau, non traitée et souvent contaminée, expose la population à des risques sanitaires majeurs. Le personnel soignant local alerte régulièrement sur la qualité déplorable de ces sources alternatives. « Nous observons une recrudescence des cas de diarrhées, de typhoïde et autres maladies hydriques en RDC directement liées à la consommation de cette eau non potable », explique un infirmier du centre de santé local.
Le fardeau de cette pénurie d’eau repose principalement sur les épaules des femmes et des enfants, contraints de parcourir quotidiennement de longues distances pour rapporter quelques litres d’eau. Ces trajets éprouvants représentent non seulement une perte de temps considérable, mais exposent également ces personnes vulnérables à divers dangers. Combien de femmes doivent sacrifier leurs activités génératrices de revenus pour cette corvée d’eau ? Combien d’enfants voient leur scolarité compromise par cette quête permanente d’hydratation ?
Face à cette urgence humanitaire, les autorités avaient pourtant initié des travaux de construction d’une passerelle destinée au passage des conduites d’eau. Cependant, malgré les annonces optimistes du gouverneur Crispin Mukendi en mai 2025, qui assurait que les travaux étaient achevés à 95%, la situation sur le terrain n’a pas évolué. Plus de six mois après cette déclaration, l’eau potable de la Regideso à Tshikapa n’a toujours pas été rétablie sur la colline Kele.
La population, lasse des promesses non concrétisées, exprime son amertume et son désarroi. « Nous sommes fatigués des annonces qui ne se traduisent jamais en actions tangibles », confie un habitant, reflet du sentiment général qui prévaut dans cette communauté abandonnée à son sort. Cette lassitude légitime interpelle sur l’efficacité de la gouvernance locale en matière de résolution des crises sociales fondamentales.
Les conséquences de cette crise de l’eau à Tshikapa dépassent largement le simple inconfort quotidien. Elles touchent à la dignité humaine, à la santé publique et au développement économique de toute une région. Les maladies hydriques, évitables avec un accès à l’eau potable, continuent de faire des victimes, particulièrement parmi les enfants de moins de cinq ans et les personnes âgées dont le système immunitaire est plus fragile.
Que faut-il de plus pour que les autorités compétentes prennent la mesure de cette urgence ? La solution technique existe, comme en témoignent les travaux déjà réalisés sur la nouvelle passerelle. Il manque apparemment la volonté politique et l’engagement ferme pour finaliser ce projet vital. La population de la colline Kele mérite mieux que des promesses éphémères ; elle mérite une solution durable qui garantisse son droit fondamental à l’eau potable.
La situation actuelle rappelle cruellement l’importance des infrastructures de base dans le développement humain. Sans eau potable, aucun progrès n’est possible en matière de santé, d’éducation ou d’économie. Les autorités provinciales et nationales doivent urgemment prioriser la résolution de cette crise qui dure depuis trop longtemps, au risque de voir toute une génération grandir dans des conditions indignes du 21ème siècle.
Article Ecrit par Amissi G
Source: mediacongo.net
