Dans une opération ciblée menée ce mardi 25 novembre, les services frontaliers de Kasindi, dans le territoire de Beni au Nord-Kivu, ont déjoué une tentative sophistiquée de contrebande de cacao vers l’Ouganda. La saisie, d’une valeur économique significative, concernait seize bidons de 25 litres soigneusement dissimulés, révélant les méthodes toujours plus élaborées des réseaux frauduleux opérant dans cette région frontalière.
Cette interception s’inscrit dans une stratégie plus large de lutte contre la fraude agricole, alors que les autorités provinciales annoncent parallèlement la mise en vente publique des tonnes de cacao précédemment saisies lors d’opérations anti-fraude à Beni. Comment cette double approche, combinant interception et valorisation des produits saisis, peut-elle modifier l’équation économique régionale ?
L’Office National des Produits Agricoles du Congo (ONAPAC), en collaboration avec le conseil local café-cacao, orchestre cette opération commerciale sous la supervision directe du gouverneur militaire Evariste Somo. Les recettes générées par cette vente exceptionnelle seront intégralement affectées au financement du développement provincial, transformant ainsi le produit de l’illégalité en levier de croissance légale.
Le phénomène de fraude du cacao dans le Nord-Kivu représente un véritable saignement pour l’économie congolaise. Les méthodes de dissimulation, notamment le transport frauduleux de cacao caché dans des bidons d’huile de palme à destination de l’Ouganda, privent la province de précieuses recettes fiscales et faussent la concurrence sur les marchés internationaux. Cette hémorragie financière affecte directement les investissements publics dans les infrastructures et les services essentiels.
David Kamuha, directeur de cabinet du gouverneur militaire, insiste sur la nécessité d’intensifier les efforts pour démanteler les complicités internes qui facilitent cette fraude du cacao. « La traque aux réseaux doit s’accompagner d’une vigilance accrue au sein même de nos institutions », souligne-t-il, reconnaissant la complexité du défi sécuritaire et économique.
Cette nouvelle saisie à Kasindi fait écho à l’importante opération menée en mai dernier, où l’ONAPAC Beni avait intercepté cinq tonnes de cacao dans le secteur de Ruwenzori. Cette cargaison de 118 sacs, appartenant à dix-sept opérateurs économiques de Lume, Bulongo et autres entités environnantes de Beni, illustre l’ampleur du trafic transfrontalier.
La stratégie des autorités combine ainsi répression et valorisation économique. En convertissant les saisies en ressources pour le développement, elles créent un cercle vertueux où la lutte contre la fraude devient directement profitable à la communauté. Cette approche innovante pourrait-elle servir de modèle pour d’autres régions confrontées à des défis similaires de contrebande agricole ?
L’impact économique de ces opérations dépasse largement la simple valeur marchande du cacao saisi. En restaurant la confiance dans les circuits légaux et en garantissant une redistribution équitable des ressources, les autorités du Nord-Kivu jettent les bases d’un développement économique plus durable et inclusif.
La persistance des tentatives de fraude, malgré les renforcements sécuritaires, souligne cependant la nécessité d’une approche multidimensionnelle. Au-delà des contrôles frontaliers, c’est toute la chaîne de valeur du cacao qui doit être sécurisée, depuis la production jusqu’à l’exportation, pour garantir des retombées équitables pour tous les acteurs légitimes du secteur.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
