La tension sécuritaire sur le lac Albert a connu une recrudescence significative cette semaine. Neuf éléments de la Force patriotique et intégrationniste du Congo (FRPI) ont été neutralisés lors de deux affrontements distincts avec la marine ougandaise. Ces incidents mettent en lumière la vulnérabilité persistante des pêcheurs congolais face aux groupes armés opérant dans cette zone frontalière.
Selon des sources sécuritaires concordantes, le premier accrochage s’est produit dimanche dernier près des localités de Kapuru et Kitebere. Des miliciens FRPI, surpris en flagrant délit d’extorsion contre des pêcheurs dans les eaux ougandaises, ont été interceptés par des unités navales ougandaises alertées par les victimes. L’échange de tirs qui s’en est suivi a coûté la vie à trois assaillants, tandis que deux autres ont été grièvement blessés. Cinq armes de différents calibres ont été récupérées par les forces ougandaises.
Le deuxième incident, survenu vendredi, a vu l’interception de deux embarcations transportant des miliciens FRPI par la marine ougandaise. Six combattants ont été tués lors de cette confrontation, et plusieurs autres capturés. Les sources indiquent que des armes supplémentaires ont été saisies lors de cette opération, portant un coup significatif aux capacités opérationnelles du groupe armé dans ce secteur.
La FRPI maintient une présence constante sur le lac Albert, particulièrement dans la zone qu’elle contrôle au sein de la chefferie de Walendu Bindi, territoire d’Irumu. Les pêcheurs opérant autour des îlots dénoncent régulièrement les tracasseries et le pillage systématique de leurs prises par ces éléments armés. Comment assurer la sécurité des activités de pêche dans un environnement aussi volatile ?
Les associations de pêcheurs des localités lacustres tirent la sonnette d’alarme. Elles interpellent le gouvernement congolais pour un renforcement urgent de la présence et des moyens des forces navales nationales sur le lac Albert. La demande porte notamment sur des patrouilles plus efficaces et mieux coordonnées pour protéger les pêcheurs contre les attaques répétées des groupes armés.
Au-delà de la FRPI, d’autres factions telles que la CODECO et le CRP maintiennent également leur emprise sur certains camps de pêche dans les territoires de Djugu et d’Irumu. Cette situation crée un environnement sécuritaire particulièrement volatile pour les communautés vivant de la pêche. La multiplication des groupes armés dans la région complique considérablement les efforts de pacification.
Les récentes opérations de la marine ougandaise démontrent l’urgence de la situation sécuritaire sur le lac Albert. Cependant, elles soulèvent également des questions sur la souveraineté congolaise dans ces eaux frontalières. Jusqu’à quand les pêcheurs congolais devront-ils compter sur l’intervention de forces étrangères pour leur sécurité ?
Les affrontements entre la FRPI et la marine ougandaise mettent en évidence la porosité de la frontière lacustre et la nécessité d’une approche régionale coordonnée. La sécurité des pêcheurs congolais reste compromise tant que des solutions durables ne seront pas mises en œuvre. La professionnalisation des forces navales congolaises apparaît plus que jamais comme une priorité absolue.
Le bilan de ces récentes confrontations – neuf miliciens tués, plusieurs blessés et capturés, avec la récupération d’un important arsenal – illustre la détermination des forces ougandaises à sécuriser leurs eaux territoriales. Mais cette détermination suffira-t-elle à décourager définitivement les groupes armés opérant sur le lac Albert ?
La situation exige une réponse concertée entre Kinshasa et Kampala, ainsi qu’un engagement renforcé des autorités provinciales de l’Ituri. La sécurisation du lac Albert représente un enjeu crucial pour la stabilité régionale et la survie économique des communautés dépendantes de la pêche.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
