Cette semaine, la RDC a connu une intensification inquiétante des crises sécuritaires, sociales et politiques, loin des espoirs suscités par la signature de l’accord-cadre de Doha entre Kinshasa et le M23. Alors que la diplomatie affichait une percée historique sur le papier, la réalité du terrain ramène brutalement la société congolaise à ses fractures profondes. Démolitions brutalement exécutées à Kinshasa, violences meurtrières à Kalemie ou Sankuru, flambée des prix du maïs : la vie quotidienne du citoyen, déjà saturée d’angoisse, se heurte à une gouvernance contestée et une paix en trompe-l’œil.
Le contraste est saisissant. Alors que l’Union africaine célébrait l’accord de Doha comme une étape « historique » vers la sortie de crise à l’Est, le terrain a livré, jour après jour, son lot de drames : exodes forcés, lynchages à Kalemie, massacres à Sankuru, occupations de sites miniers à coups de drones, poursuite des tueries ADF à Beni et au Nord-Kivu. À Goma, l’AFC/M23 campe sur ses positions, refusant la réouverture humanitaire de l’aéroport, tandis que les « processus de paix » alternent entre avancées diplomatiques affichées et immobilisme sécuritaire flagrant. La société civile et les autorités religieuses, fatiguées, lancent de nouveaux appels à l’action, dénonçant le décalage tragique entre les annonces d’en-haut et les vies brisées en bas.
Cette fracture entre discours et réalité s’élargit sur le plan politique. La suspension de motions, les rappels à l’ordre venus de Kinshasa pour préserver une stabilité institutionnelle de façade, et les tentatives de relance du processus d’identification nationale témoignent d’un exécutif sous tension, tenté par la recentralisation du pouvoir dans un contexte de décentralisation officiellement promu. Les contestations citoyennes, loin de s’apaiser, s’incarnent dans les protestations face à la démolition de plus de cent maisons à Kinshasa sans indemnisation, ou dans la multiplication des grèves et blocages ferroviaires dus à la dégradation des infrastructures et à la flambée des prix alimentaires, comme dans le Maïs à Kananga.
La société congolaise, douloureusement éprouvée par la crise humanitaire – 19 millions de personnes en situation de détresse selon le HCR – n’a de cesse d’interpeller les décideurs : où va l’effort de paix si chaque « avancée » diplomatique débouche sur une insécurité persistante, un effondrement des repères sociaux et une érosion de la confiance populaire ? L’accumulation des chantiers ouverts – recensement, relance des cartes biométriques, lancement de réformes institutionnelles (Front pour la 4e République) – peine à masquer l’absence de résultats tangibles pour les citoyens. De l’Ituri au Kasaï, du Kivu au Bandundu, l’État semble trop souvent absent, hésitant ou impuissant face à la monté des violences, aux crises d’autorité et à la misère croissante.
Nous, à CongoQuotidien, réaffirmons que l’intérêt supérieur du peuple congolais doit redevenir le seul cap. L’accord de Doha ne pourra produire ses effets que si la volonté politique se traduit enfin en actes concrets : retour effectif de l’autorité de l’État, justice pour les victimes, protection des civils, compensation équitable des sinistrés, accélération des réformes promises pour plus de transparence et de proximité. Les Congolais n’attendent plus des discours – ils exigent que l’État assume ses devoirs envers eux, partout et pour tous. Il appartient à chacun, gouvernants, société civile, citoyens, de refuser la normalisation de la crise et de porter collectivement l’exigence de justice, de sécurité et de dignité. C’est le seul chemin vers la paix véritable et la cohésion nationale.
— La Rédaction de CongoQuotidien
