La République Démocratique du Congo traverse une crise silencieuse mais meurtrière dans le secteur des transports, où la négligence institutionnelle coûte quotidiennement des vies humaines. La coalition Lamuka, par la voix de son cadre Prince Epenge, dresse un constat accablant de l’état des infrastructures de transport à travers le pays, dénonçant une hécatombe continue qui frappe indistinctement les usagers des différents modes de déplacement.
Comment expliquer que dans un pays aussi vaste et riche en ressources, les citoyens continuent de payer de leur vie le simple fait de se déplacer ? Le secteur aérien, souvent considéré comme le plus sécurisé, n’échappe pas à cette funeste réalité. Le récent crash d’un avion au Katanga lors de son atterrissage illustre tragiquement cette défaillance systémique. Plus préoccupant encore, l’absence d’enquête sérieuse sur cet accident, les quatre enquêteurs dépêchés sur place se retrouvant bloqués sans moyen de retour vers Kinshasa. Cette situation soulève des questions fondamentales sur la volonté réelle des autorités à faire la lumière sur ces drames répétés.
Le transport fluvial et lacustre, vital pour de nombreuses communautés, présente un bilan tout aussi dramatique. Les récents naufrages sur la rivière Sankuru et le lac Tanganyika, ayant causé la perte d’au moins cinq vies humaines, s’inscrivent dans une longue liste noire d’accidents maritimes. L’absence persistante d’investigations approfondies après ces tragédies interroge sur la valeur accordée à la vie des citoyens congolais par leurs dirigeants. Ces drames successifs mettent en lumière le décalage entre les discours officiels et la réalité du terrain.
Les statistiques avancées par Prince Epenge donnent le vertige : cent Congolais meurent noyés chaque mois dans les différentes étendues d’eau du pays. Ce chiffre, s’il est confirmé, représenterait une hécatombe d’une ampleur insoupçonnée, transformant les cours d’eau en véritables cimetières liquides. La responsabilité des autorités dans cette situation apparaît d’autant plus grande qu’elles perçoivent des taxes et redevances sur ces transports sans pour autant en assurer la sécurité minimale.
Le transport terrestre n’est pas en reste, avec son secteur dit « volant » qui continue de faire des victimes dans l’indifférence générale. L’accumulation de ces drames across différents modes de transport démontre l’existence d’un problème structurel profond, nécessitant une approche globale et coordonnée. La question qui se pose est celle de la capacité des institutions congolaises à prendre la mesure de cette crise et à y apporter des réponses concrètes et durables.
L’appel de Lamuka pour l’amélioration des conditions et moyens de transport sonne comme un ultime avertissement avant que la situation ne devienne ingérable. Les autorités se trouvent à la croisée des chemins : soit elles prennent des mesures courageuses pour réformer en profondeur le secteur, soit elles continuent de fermer les yeux sur cette tragédie quotidienne. La balle est désormais dans le camp du gouvernement, dont la crédibilité se jouera sur sa capacité à répondre à cette urgence humanitaire et sécuritaire.
Jusqu’à quand les Congolais devront-ils payer de leur vie l’incurie des autorités dans l’organisation des transports ? La réponse à cette question déterminera non seulement l’avenir du secteur, mais aussi la légitimité même des institutions à garantir la sécurité fondamentale des citoyens. Les prochains jours seront cruciaux pour mesurer la réactivité des décideurs face à cette crise multiforme qui mine la confiance des populations dans leurs dirigeants.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
